Lors d'une conférence donnée vendredi dernier à Mexico (20
juillet); Benoît Coeuré a souligné que la crise européenne ne pouvait se
résoudre que par la création d'institutions élaborées sur la base d'un
processus démocratique et capable de faciliter la mise en place de réformes
structurelles. Si la stabilité des prix a été assurée par la BCE (la volatilité
de l'inflation chute alors que la volatilité des prix de l'énergie augmente
depuis 1999), la politique monétaire européenne doit faire face à un affaiblissement
du canal du taux d'intérêt qui ne peut être résolu que par le canal de la
liquidité.
Ce dernier doit permettre de modifier les anticipations d'inflation pour ajuster les prix et les salaires et doit permettre de modifier l'offre de crédit et notamment le taux interbancaire ce qui permet ainsi d'obtenir une modification du taux d'intérêt de long terme et des effets additionnels sur le canal du prix des actifs. Des variables financières qui influenceront l'offre et la demande en biens et services mais aussi l'offre et la demande sur le marché du travail et qui favoriseront ainsi un nouvel ajustement des salaires et des prix tout en renforçant parallèlement les prix à l'importation sur l'ensemble de la zone euro.
Ce dernier doit permettre de modifier les anticipations d'inflation pour ajuster les prix et les salaires et doit permettre de modifier l'offre de crédit et notamment le taux interbancaire ce qui permet ainsi d'obtenir une modification du taux d'intérêt de long terme et des effets additionnels sur le canal du prix des actifs. Des variables financières qui influenceront l'offre et la demande en biens et services mais aussi l'offre et la demande sur le marché du travail et qui favoriseront ainsi un nouvel ajustement des salaires et des prix tout en renforçant parallèlement les prix à l'importation sur l'ensemble de la zone euro.
Ces mécanismes justifient l'ensemble des actions monétaires entreprises
par la BCE depuis plus de trois ans. Au cours du mois de juillet, de nouvelles
mesures étaient envisageables: un troisième plan LTRO peu probable car les
effets de second tour n'ont pas encore pleinement été mesurés, un nouveau SMP
(programme d'achats d'actifs) peut vraisemblable quand bien même une
stérilisation de l'opération serait annoncée (qui en pratique n'est pas
toujours vérifiée), ou encore un élargissement des garantie demandées pour
l'accès aux liquidités de la banque centrale (ce qui tend à accroître l'effet
contagion du secteur bancaire par le risque de crédit). D'autres opérations
peuvent aussi être annoncées mais ont aujourd'hui une probabilité plus forte:
l'accord d'une licence bancaire au MES qui s'avèrerait être un programme d'assouplissement
quantitatif indirect puisque le MES mutualiserait le risque en achetant des
obligations de dettes souveraines et s'apparenterait à un SMP illimité mais
sans subordination des investisseurs privés. A cette première possibilité
s'ajoute celle d'une généralisation de la facilité de prêt d'urgence (ELA), ce
qui devrait être le cas des banques grecques durant le mois d'août. Enfin, une
nouvelle baisse du taux directeur est envisageable à 0,5 point. Le point
d'interrogation reposerait alors sur une éventuelle baisse du taux de dépôt de
0 à -0.25 qui désinciterait, en principe, les banques commerciales à déposer
leurs excédents puisque celles-ci devraient alors payer la BCE pour placer
leurs liquidités. Dans tous les cas, une politique d'assouplissement
quantitatif en zone euro est encore invraisemblable tant qu’aucune des
opérations envisagées (SMP, LTRO, licence bancaire MES) n’est mise en
application.
En revanche, un troisième plan d'assouplissement est
toujours attendu aux Etats-Unis. Celui-ci pourrait être annoncé lors du
prochain discours de Jackson Hole courant août et devrait porter l'attention
sur deux aspects. le premier est de savoir si la FED aura l'intention, si elle
décide de lancer le programme, de stériliser l'ensemble des rachats d'actifs
obligataires. Le second aspect repose sur les modalités de l'application du
plan, c'est-à-dire savoir si les rachats d'actifs seront déterminés ex-ante à la
mise en place du programme ou progressivement ajustés selon l’évolution de la
conjoncture américaine. Dans tous les cas, une telle politique visera à
augmenter les anticipations d'inflation et à avoir un impact sur les
investisseurs qui réalloueront leur portefeuille vers des obligations d'entreprises,
voire des actions. Cette politique ne sera possible que dans la mesure où
l'économie américaine se dégrade, les prochains chiffres américains pèseront
lourds durant la prochaine réunion du FOMC. Enfin, au-delà de ces éventuelles
annonces, une reprise de la conjoncture n'empêcherait pas les taux d'intérêt
américain de légèrement remonter tout en restant proche de la zone de taux
d'intérêt. On sait que la FED s'est engagée à ne pas remonter brutalement les
taux avant la fin 2014 mais cela n'empêche en rien l'ajustement de 0,25 point.
Ainsi, nous pouvons dégager deux cas de figures. Le premier cas est une
dégradation de la conjoncture qui favorisera un assouplissement quantitatif de
la politique monétaire américaine et pourrait mener courant 2013 à une légère
remontée du taux directeur. Le second cas est une stabilisation de la
conjoncture, donc aucune annonce d'assouplissement quantitatif, et une remontée des taux dès le début 2013. Il n'en demeure
pas moins que la politique de la FED reste crédible aux yeux des investisseurs
dans un contexte où l'incertitude augmente de nouveaux en Europe suite au plan de
recapitalisation espagnol. Au-delà des enjeux institutionnels, la décision du
FOMC pourrait avoir un nouvel impact considérable sur la conjoncture de
l'économie américaine, puis européenne et pourrait tomber à point nommé pour
les économies européennes, quand bien même le MES serait enfin mis en place fin
septembre.
Arthur Jurus
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