2 juil. 2008

Intégration monétaire et stabilisation macroéconomique

Après avoir étudié le rôle de la Banque Centrale en situation de panique bancaire et les raisons de son indépendance, j’aborde ici la question de l’intégration monétaire de quinze Etats membres de l’Union européenne toujours d’un point de vue théorique. Le problème revient à aborder le choix de la fixité du taux de change résultant d’une analyse coûts-bénéfices et plus spécifiquement à présenter la théorie des zones monétaires optimales. Celle-ci trouve sa source en 1961 avec Robert Mundell puis en 1963 (Mac Kinnon) et 1969 (Peter Kenen). Elle vise à expliciter les raisons pour un pays d’intégrer un espace monétaire soit une union monétaire.

On y trouve ainsi deux arguments sur l’intérêt d’une union et deux arguments sur les coûts à supporter. Considérons bien ainsi qu’il ne s’agit pas de percevoir leur développement ne manière quantitative mais qualitative, d’autant plus qu’entre chaque argument des questions d’arbitrage apparaissent.

Les bienfaits mis en valeur par la théorie sont une réduction de l’incertitude, soit des gains microéconomiques puisque s’appliquant à chaque agent, et une réduction des coûts de transactions de change. Les coûts à subir sont d’une part la perte d’un moyen de stabilisation économique et d’autre part le risque engendré par d’éventuels chocs asymétriques. Ces derniers relèvent d’une crise politique, sociale propre à un pays dont les implications divergent entre les différents Etats. En outre, plus il y a intégration, plus le degré d’asymétrie des chocs entre les pays est important.

Un débat économique s’est donc établi sur ces fondements mais plus particulièrement sur la symétrie des chocs inter-étatiques (la théorie peut porter à l’échelle régionale mais dans notre cas on usera de la sorte). Trois analyses sont proposées : celle de Krugman, celle de Frankel et Rose et enfin celle de Fontagné et Freudenberg.
En 1993, Paul Krugman met en évidence les faibles coûts de transaction à l’exportation pour les entreprises produisant dans un seul et même pays (économies d’agglomération). Cette faiblesse des coûts résulte de l’intégration économique. Cette spécialisation sectorielle a pour défaut d’aggraver les chocs asymétriques et donne lieu à un cercle vicieux.
En 1998, Frankel et Rose démontre l’inverse. L’intégration économique accentue la symétrie des chocs puisque l’intégration est monétaire et commerciale.
En 1999, c’est au tour de Freudenberg et Fontagné d’insister sur ce dernier aspect. L’intégration conduit l’industrie à des spécialisations intra-branche ne suscitant pas de chocs asymétriques. C’est la différenciation des produits qui accentuent la symétrie des chocs. Plus il y a d’intégration, plus les coûts diminueront. A l’opposé de Krugman, on parle alors de cercle vertueux.

Graphiquement, la zone monétaire optimale correspondrait à un seuil au delà duquel les bénéfices excéderait les coûts.
Ce seuil peut être modifié par davantage de flexibilité dans les prix et les salaires qui réduirait le niveau de seuil en déplaçant la droite de coût vers la partie gauche du quadrant. C’est le cas des Etats-Unis où les chocs d'asymétries se traduisent par une mobilité de la population active et non un ajustement des prix et des salaires. En revanche, la droite de coût peut se déplacer vers la droite du quadrant, augmentant le niveau du seuil à partir duquel l’intégration monétaire devient profitable. C’est le cas des nouveaux pays intégrés à l’Union Européenne la plupart en voie de développement ou de rattrapage. Au final, c’est le taux de change qui importe et influe pour déterminer à quel niveau d’intégration il devient profitable de rejoindre une union monétaire.

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