12 juil. 2008

La nouvelle économie géographique

Des premiers travaux de Von Thünen établissant un lien entre coût de transport et éloignement du marché (1827) à ceux de Krugman, de nombreux auteurs ont approché l’économie d’un point de vue géographique pour mieux comprendre la relation entre l’espace, la production et la distribution des richesses. On se placera ainsi dans une analyse théorique de la croissance endogène.
Comme le préconisait précocement Smith, un plus vaste marché est source de richesse. Hotteling au début du 20ème siècle puis Combes et Mayer par la suite développe l’idée. Les externalités résultants de la production ou de la demande facilite l’accès à un marché plus vaste profitant autant aux consommateurs, diversifiant leur consommation (fonction d’utilité Dixit-Stiglitz), qu’aux entreprises par les effets de synergie induits ou d’autres mécanismes dont il sera question dans la suite de l’article. Krugman propose dans les années 90 une explication des inégalités spatiales de revenu en prenant pour hypothèse une concurrence monopolistique à rendement constant. L’analyse propose un arbitrage entre forces de concentration et force de dispersion soit en prenant pour variables les coûts de transport et les économies d’échelles.

Les forces de concentration regroupent les potentiels effets de synergie, soit les regroupements d’entreprises dans un même lieu donnant lieu à des économies d’échelles donc à une hausse de la productivité et à un échange de savoir-faire voire de sous-traitance (proximité entre activités).

Les forces de dispersion tiennent compte des coûts de transport soit de la distance entre la production des richesses et leurs consommations (relation entreprise-clients). Les risques sont une concurrence trop rude due à la différenciation des produits, pouvant affaiblir l’attractivité de la zone, et des coûts de transport plus élevé.

Cet arbitrage est présenté dans le modèle cœur/périphérie. Celui-ci tient compte de deux variables : le degré d’ouverture entre deux possibilités de marché (dans le cas du modèle il s’agit du Nord, manufactures à main d’œuvre flexible, et du Sud, agricole à main d’œuvre immobile).et la flexibilité de la main d’œuvre du Nord. Plus le degré d’ouverture est élevé, moins le transport coûte. Trois effets sont possibles. En premier lieu, l’effet de taille du marché résulte d’une volonté des entreprises de s’intégrer sur un même marché pour être plus proches de ses sous-traitants par exemple, on parle de forces d’agglomération. Le second est un effet de coût de la vie qui montre que la diversité du produit dans le Nord ou dans le Sud induira une baisse du coût de la vie attirant les travailleurs. Enfin l’effet de contagion, déjà vu plus haut, démontre que la diversité des produits proposés au Nord par exemple peut attirer d’autres entreprises donc induire une forte concurrence rendant le Nord moins attractif du point de vue de l’arbitrage, on parle de force de dispersion. Krugman montre ainsi que si les forces d’agglomération sont supérieures aux forces de dispersion, l’un des deux marchés sera toujours plus attractif que le second (« point mort » noté φB). Si le degré d’ouverture est plus faible on atteindra un « point soutenable » noté φS où les deux régions seront « équilibrées » en terme d’activité. Une troisième situation, située entre le « point mort » et le « point soutenable », et appelée la « zone de chevauchement », considère un équilibre entre « l’équilibre symétrique » (stabilité du point soutenable) et les deux régions. Le « diagramme de « Tomahawk » synthétise cette théorie (voir schéma). L’apport d’une telle approche peut expliquer par exemple, et entre autre, la mise en place de zone industrielle dans les villes cherchant à attirer les entreprises régionales pour constituer des pôles d’activités et de savoir-faire.

1 commentaire:

  1. une très bonne explication d'un modèle pas si facile que cela à comprendre! Y compris sur les livres de vulgarisation à destination des élèves de l'X de Benassyquéré et Cie...

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