Charles Wyplosz propose son analyse de la hausse des prix du pétrole sur Telos-eu.com. Pour résumer et exposer les points que j'ai trouvé particulièrement intéréssant dans son article, l'économiste expose une vue simple: le consommateur est au bout de la chaîne donc subit la hausse du baril qui se répercute dans les coûts de production jusqu'à la demande. Il montre ensuite que les secteurs sont plus ou moins touchés selon leur besoin en pétrole et selon l'élasticité de leur demande par rapport à l'offre qu'ils sont capables de proposer compte-tenu de cette contrainte. Au final, C.Wyplosz en vient à montrer deux solutions par l'intervention publique: soit subventionner le producteur ou réaliser des transferts directs au consommateur: le contribuable devient une nouvelle victime; soit effecter des coupes dans les dépenses publiques: les bienfaits des subventions (signal de la hausse des prix) s'atténue.
Ainsi, une indexation des salaires sur la hausse du prix n'est pas possible car induirait à terme une baisse de l'emploi donc une hausse de l'allocation chômage et d'autres prestations étatiques (...). Un plafonnement de la TVA serait injustifié: si le prix du pétrole augmente c'est en partie du à une forte demande, subventionner cette dernière revient à faire de nouveau appel au contribuable.
Mais l'aspect le plus intéréssant vient sur les deux critiques émises envers la BCE de part certains dirigeants. La hausse du prix du baril diminue le pouvoir d'achat, concoure à l'inflation; or la BCE doit lutter contre cette hausse des prix pour atteindre un niveau d'inflation jugé acceptable. La hausse des taux d'intérêt est donc justifiée et même recommandée.
En écoutant les informations du jour, la journaliste évoquait quelques chiffres (déficit, inflation,etc.) et terminait sa chronique par "l'euro s'apprécie à 1,60$, tous les indicateurs sont dans le rouge.". C.Wysploz répond à ce type de commentaire. Les pays exportateurs de pétrole bénéficie de la hausse du prix puisqu'ils gagnent autant en volume d'importations (dollars) en exportant moins de pétrole. Dans le cas de la zone euro, l'appréciation vis-à-vis du dollar permet d'acheter moins cher un baril de pétrole. En outre, pour une même quantité d'importation sur deux périodes, on exporte moins d'euros à chaque transaction. La BCE a donc tout intérêt laisser l'euro s'apprécier.
Sur les deux solutions proposées, aucune n'est parfaite. Même l'indexation des salaires sur l'inflation n'est pas possible: ce qui en ressort, c'est que les pouvoirs publics ont, au mieux, une très maigre marge de manoeuvre. Au pire ils ont l'air impuissants... est-ce la faillite de l'Etat?
RépondreSupprimerSur les taux d'intérêt, Sarkozy a-t-il vraiment tort quand il fait la comparaison avec les Etats-Unis où les taux sont bien plus faibles ? Une hausse de taux par la BCE, ça n'handicaperait pas une activité dèjà bien terne?
Je pense que ces questions se posent, tout comme celle de l'Euro trop fort, qui tend malgré ses avantages à pénaliser les exportations...
A ce sujet, je suis opposé à N.Sarkosy. Je pense l'avoir montré dans les précédents articles de politique économique: l'indépendance de la BCE est justifiée. Dans le cas du président, je trouve compréhensible qu'il s'y oppose compte tenu des promesses exprimées durant la campagne et de sa volonté de modifier les choses. La politique de la FED est étroitement liée avec la politique de la Maison Blanche. Pour autant, les questions monétaires relèvent du long terme et il n’est pas toujours préférable de les exposer à des volontés gouvernementales différentes selon le cycle électoral.
RépondreSupprimerD'autre part, la comparaison avec la BCE et la FED est inutile. Il y a là, à mon sens, un incompréhension de la part de nombreuses personnes. Il n'est pas ici sujet de dire "la BCE doit aligner ses taux sur ceux de la FED" mais plutôt de vouloir (pour certains dirigeants) que la BCE fonctionne selon le modèle de la FED.
Le taux d'intérêt résulte d'objectifs précis. La FED souhaite une croissance à long terme des agrégats de monnaie et de crédit, selon le potentiel de la croissance américaine pour accroître la production et ainsi atteindre le plein-emploi, la stabilité des prix et la stabilité des taux d'intérêt à long terme. La BCE donne une priorité à la stabilité des prix.
Si les taux d'intérêt sont élevés, cela va décourager l'activité, certes. Mais s'ils sont trop faibles l'inflation risque d'être accélérer davantage. Il s'agit là d'un arbitrage, comme toujours critiquable. Sur les 10 dernières années, les taux directeurs américains sont relativement plus erratiques que ceux de la BCE. Les politiques sont sans doute plus discrétionnaires mais si l'on devait suivre la politique américaine, liée à l'économie américaine et non à celle de la zone euro qui est différente, les critiques seraient encore plus récurrentes.
Concernant les exportations, l’Allemagne est le premier exportateur mondial malgré l’appréciation de l’euro et une forte partie des exportations des Etats membres s’établit dans la zone d’échange de l’Union monétaire. Est-ce un problème prioritaire pour autant ?
Pour finir (sur le pétrole), je pensais à la va-vite à la possibilité de réduire la TVA sur les prix à la pompe pour les consommateurs, la réduction étant compensée par un prélèvement (impôts) sur les bénéfices en hausse des grandes compagnies pétrolières (en maintenant le pourcentage actuel). Mais le problème reste que sur l’ensemble des impôts payés par Total, seulement 10% reviennent aux pays consommateurs et les taux d’imposition avec les Etats restent négociables. Une politique de ce type semble donc impossible.