21 janv. 2011

Quel prix pour l'électricité? (2/3)


Le secteur de l’électricité est-il toujours établi sur des coûts fixes élevés ?


Pas toujours. La nuance à apporter dépend de la demande. Si celle-ci est temporaire et très importante une structure à fort coût marginal mais faible coût fixe (toute proportion gardée) devra être privilégiée. En revanche pour une demande fluctuante les coûts fixes seront plus importantes tandis que les coûts marginaux plus faibles. Les coûts dépendent de l’adaptation de l’offre à la demande. En outre le prix de l’électricité ne dépend pas plus de l’offre ou de la structure technologique que de sa propre demande.

Un second facteur non négligeable et l’impact sur l’environnement. Les contraintes légales (normes mais surtout permis de pollution) soumettent de nouvelles contraintes au choix technologique comme par exemple la taxation sur le gaz à effet de serre.

Ces deux indicateurs doivent permettre de définir un parc nucléaire optimal, autrement dit la structure la plus efficace voire la plus efficiente possible. Il faudra dès lors tenir rigueur de la demande intérieure et extérieure et des capacités d’interconnexion avec les autres pays. Généralement la structure des parcs nucléaires français sont pourvus de coûts fixes élevés ce qui rend compétitif ce secteur de l’économie. Le Rapport sur les prix de l’électricité du Conseil général des Mines et inspection des Finances (2004) montre que tant que la durée d’utilisation des capacités de production reste supérieure à 57% le coût moyen du parc de production français rend préférable la technologie du nucléaire puisque moins coûteux que ses alternatives de semi-base ou de pointes (centrales à charbon, cycles combinés au gaz, turbines à combustion au gaz, combustion au fioul).

Mais alors quel prix fixé, et surtout doit-on le fixer ? Pas forcement. Un premier constat est que l’électricité par le nucléaire est un premier recours avec les technologies de semi-base, c’est-à-dire que si la demande excède l’offre provenant des méthodes nucléaires alors on a recours aux technologies de semi-base. Si cette dernière possibilité ne permet pas de satisfaire la demande donnée alors on a recours aux technologies de pointe mais le prix sera beaucoup plus élevé qu’auparavant. On en conclu donc qu’en marché concurrentiel le prix peut être établi de telle sorte qu’il soit égal au coût marginal. Si le prix est inférieur au coût marginal alors il n’y a pas d’incitation à offrir. Si le prix est supérieur au coût marginal l’offre deviendrait rapidement supérieure à la demande, aussi un prix proche du coût marginal est la solution la plus profitable pour chaque partie. Donc tout repose sur la substitution d’une technologie à une autre. Les coûts fixes importants du nucléaire doivent permettre des coûts marginaux plus faibles et donc des prix moins élastiques aux variations de la demande. En revanche les technologies de pointes sont pourvues de coûts marginaux très importants de telle sorte qu’une pénurie trop importante de l’offre engendrera inexorablement une forte hausse des prix (de l’ordre de 7 à 30 euros par mégawatheure). Le niveau de l’offre dépendra forcement du nombre de concurrents résultant de la longévité de la période de marginalité du marché nucléaire notamment. L’un des principaux obstacles reste le risque associé à l’investissement privé dans une structure de production comme le nucléaire. De nombreux mécanismes d’incitations doivent être mis en place pour qu’un marché se rapproche au mieux d’une situation de concurrence pure et parfaite. Dans notre analyse nous avons exclu les barrières à l’entrée mais celles-ci peuvent non pas dépendre d’un concurrent plus avancé que ses propres concurrents potentiels mais dépendent de la simple somme à investir pour mettre en place un système productif adéquat. La mise en place de consortium par exemple voire de contrats long-termistes permettant de disperser et limiter les risques constitue des solutions. La Finlande y a eu recours ces dernières années. Pour conclure, un prix au coût marginal est efficace dans l’allocation des ressources et si un marché proche d’une situation de CPP est possible à terme elle nécessite une régulation publique temporaire à caractère incitative.

Notre réflexion a porté sur la mise en place d’un marché plus concurrentiel et satisfaisant une demande fluctuante. Nous avons seulement considérés la nécessité de fixer un prix au coût marginal et tel que les coûts fixes, souvent élevés, ne représentent plus une entrave à la libre entrée sur le marché de l’électricité. Pourtant la réalité est une nouvelle fois bien plus complexe puisque des rentes de rareté et de monopole co-existent ; ce dont il sera question dans notre troisième et dernier billet.

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