10 nov. 2009

Régulation du système bancaire : le faux débat

Depuis le début de la crise financière, le message des politiques envers les banques est devenu de plus en plus agressif. Une haine du capitalisme financier, des banquiers et des traders vient parasiter le débat public sur la crise financière. Nicolas Sarkozy martèle depuis de long mois qu’il faut venir à bout de rémunération de trader pour éviter que la crise ne se répète. Il a même annoncé solennellement la fin du "capitalisme financier", un concept étrange qui suppose qu'il peut y avoir du capitalisme sans finance…La plupart des médias relayent aveuglément les propos du président, sans aborder les questions de fond.

Le succès sur l’opinion est garanti pour le président qui véhicule ainsi un message populiste, mais sans réel fondement. En effet, croire que des bonus réduits ou encadrés changeront le comportement des banques est extraordinairement naïf et réducteur.
Aussi, comment résoudre les dérives bancaires afin d’éviter les crises futures ?

Les banques sont des agents économiques dont la spécificité est d’être indispensable au fonctionnement de l’économie. Cela se traduit par le fait qu’en cas de faillite, le système bancaire sera toujours sauvé par l’Etat. En effet, ce dernier ne peut pas se permettre de laisser des milliers de ménage courir vers une faillite dont ils ne sont pas responsables. L’Etat garantie donc implicitement les dépôts des banques. Cette assurance implicite leur permet de prendre un maximum de risque tout en sachant qu’elles seront secourues en cas de difficultés.De plus il existe des rentes dites "d’arbitrage institutionnel" qui permettent aux banques d'emprunter pas cher pour investir dans des activités plus risquées et donc plus rémunératrices. Mais ne général le taux auquel une entreprise "normale" emprunte dépend des risques qu'elle prend, ce qui constitue une première solution à ce type d'arbitrage.

Afin de remédier à ce type de comportement, les hommes politiques ont l’intention de limiter les profits ou la rémunération des traders. Or ses derniers gagnent beaucoup d’argent car ils en font gagner beaucoup à leurs banques, qui les paye donc en conséquence : leur rémunération est donc légitime. Pour être plus efficace, il faudrait facturer aux banques le prix de l’assurance implicite dont elle dispose. Autrement, les banques continueront à profiter de la rente dont elles bénéficient, et le problème persistera.

Cependant, le problème du juste prix de cette assurance est sujet à polémique. L’idée la plus rependue propose que les banques gardent un montant de capitaux en réserve dont la valeur est proportionnelle à l’argent qu’elles ont en dépôt. Ainsi, si une banque doit faire face à de grave difficulté, les capitaux détenus en réserve pourront lui servir à surmonter cette difficulté, sans que l’état n’ait besoin d’intervenir pour la sauver.

L’intuition économique est donc simple : pour réduire l’effet de l’externalité qui pèse sur le système bancaire, il faut internaliser dans la fonction de profit des banques le fait qu’une gestion du risque trop laxiste peut avoir des conséquences structurelles graves.

La solution la plus logique pour réguler le système bancaire consiste alors à taxer les banques ex-ante en agissant sur leur fonction de profit, et non ex-post en taxant arbitrairement leurs profits ou la rémunération des traders.

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