L’objectif de maximisation du surplus des consommateurs pour les politiques de concurrence peut poser problème. Rendre des marchés concurrentiels supposent qu’un nombre suffisant d’offreurs propose un bien dit homogène. Or l’on constate que dans de nombreux secteurs l’hétérogénéité du produit est l’enjeu même du marché. Par exemple le secteur de la culture comme de la musique semble intrinsèquement fondé pour que chaque produit soit différent. Chaque élan artistique est unique et en cela les produits mis sur le marché se différencient donc peuvent profiter d’une rente de situation (dans la pratique, les exigences de l’industrie musicale rend certains groupes extrêmement proches dans un intérêt purement marketing mais il reste cependant difficile de ne pas voir une différenciation entre chaque produit). On pourrait donc croire que l’autorité de la concurrence tient comme ligne de conduite des objectifs non adaptés à certains secteurs.
Paradoxalement la concurrence doit permettre d’offrir une diversité pour les consommateurs (la fameuse fonction Dixit-Stiglitz de 1977 suggérant une préférence pour la variété). En outre la politique de la concurrence est légitime dans le secteur culturel.
Le problème essentiel est que si l’effet bénéfique d’une variété de l’offre existe, il n’en reste pas moins que les concentrations sont récurrentes. Par exemple dans le marché du cinéma, les 10 premiers distributeurs en France se partagent 80% des gains résultant des entrées. D’autres problèmes co-existent notamment par la structure biface de ce marché : les distributeurs sont soit indépendants, soit intégrés dans des circuits de salles, soit à des chaines de télévision (…) mais doivent s’entendre avec les sociétés du marché d’exploitation (50% des recettes sur trois entreprises). Encadrer le comportement de ces entreprises relève de la politique de concurrence, en revanche il est difficile dans l’industrie du cinéma d’associer des objectifs de diversité de l’offre à l’AAI de la concurrence. Les coûts étant essentiellement fixes et les risques élevés ; on constate une uniformisation des productions cinématographiques ; que la politique de la concurrence ne peut pas maîtriser. A cet égard, le rapport demandé par Christine Lagarde et Christine Albanel et préparé par Anne Perrot, Jean-Pierre Leclerc et Célia Verot est complet ; sans doute la meilleure synthèse sur la problématique de la complémentarité de la politique de la concurrence et du secteur du cinéma.
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