Le rapport de l'EEAG 2010 (European Economic Advisory Group) a été récemment publié. Ces rapports visent chaque année à établir une synthèse sur l'état macroéconomique et financier de l'Union Européenne. Parmi ces auteurs on distinguera cette année: Giancarlo Corsetti, Michael Devereux, Luigi Guiso, John Hassler, Gilles Saint-Paul, Hans-Werner Sinn, Jan-Egbert Sturm et Xavier Vives.
Le rapport traite de la crise dans les économies de l'est, des problèmes d'ajustements (dettes, balances non équilibrées), des décisions macroéconomiques entreprises (politique monétaire, politique fiscale) et des réformes engagées comme celles relatives à la rigidité du marché du travail. Il cherche aussi à tirer des effets d'apprentissage des politiques américaines notamment en matière de bas taux d'intérêt et du déficit américain financé par la Chine. Dans ce billet, nous-nous intéressons aux conclusions qui concernent la méfiance des investisseurs envers les intermédiaires financiers. Ces travaux sont présentés dans le chapitre 2 ("A trust driven financial crisis") du rapport.
Plusieurs constats d'abord. La confiance envers les intermédiaires financiers (banques, brokers, fonds mutuels, marché des capitaux) a fortement diminuée. En outre avant la crise de 2007 30% des investisseurs annoncés avoir pleine confiance dans les marchés du capitaux contre 5% après la crise financière. La cause principale repose sur les comportements opportunistes (système Ponzi de Madoff). Par exemple, les pays les plus fortement dotés en investisseurs victimes de la fraude de Madoff ont une plus forte baisse de la confiance ex-ante et ex-post la crise que dans les pays où le nombre d'investisseurs concernés était plus faible. En conclusion la demande pour les produits financiers et la diversification des portefeuilles a fortement diminuée d'où une baisse de l'utilisation des actifs risqués et des instruments financiers qualifiés de "complexes".
Le conseil du EEAG vise à proposer des politiques qui ne soient pas imposées aux agents mais suffisamment incitatives pour que les intermédiaires financiers adhèrent et participent aux mécanismes automatiques. Des mécanismes qui doivent être sources, selon le rapport, d'une reprise durable de la confiance entre les investisseurs et les intermédiaires financiers.
En outre trois mécanismes sont évoqués. Le premier est un système de notation lisible pour les investisseurs dont la métrique s'étendrait de 0 à 10. Il permettrait de distinguer les intermédiaires selon leurs intégrité c'est-à-dire selon l'échelle de leurs comportements opportunistes. L'objectif étant d'inciter ces intermédiaires à pratiquer la plus grande transparence. Un second système est un projet de compensation basé sur la confiance au moyen d'une indexation des rémunérations des managers (les intermédiaires) en fonction du niveau de confiance des investisseurs. Enfin un troisième système reposerait sur le rôle de l'éducation financière envers les investisseurs. L'Etat interviendrait alors pour pallier une défaillance de marché: l'asymétrie informationnelle. Un autre moyen pour instaurer un climat de confiance.
En Mars 2010 selon l'indice de confiance calculé par State Street Global Assets, la confiance aux Etats-Unis et en Asie a augmenté de 16% entre février et Mars. L'indice mondial a lui-même augmenté de 5% depuis février. Pourtant dans la zone euro l'indice a une nouvelle fois diminué de -2,5% depuis février. L'état macroéconomique de l'Union Européenne nécessite le recours aux marchés financiers: l'état de confiance des investisseurs envers les intermédiaires n'est qu'un simple facteur. Les enjeux dépassent alors les simples leçons à tirer de la crise financière de 2007.
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