Très intéressant interview de Jean-Charles Rochet pour l'expansion au sujet des taxes sur les institutions financières proposées par le FMI.
Un petit rappel tiré de travaux universitaires peut s'avérer utile. Pour pallier à des paniques bancaires éventuelles trois solutions existent. La première est le « narrow banking » et vise à obliger les banques à disposer de fond suffisant pour rembourser les déposants en cas de crise. La seconde solution est un système public d'assurance de dépôts financé par une cotisation sur l'ensemble des dépôts. Ce mécanisme permet de rassurer les déposants, limiter l'incertitude et donc limiter le risque de panique bancaires (Dybvig et DIamond 1983). Son défaut est cependant d'encourager l'aléa moral des banques avec des prises de risques excessives. Une troisième et dernière solution repose sur la BCE qui joue un rôle de prêteur en dernier ressort pour qu'une institution financière en difficulté soit capable de rembourser ses clients.
Le projet du FMI est double. D'une part taxer les institutions financières pour couvrir le coût budgétaire net du soutien public aux institutions financières. D'autre part taxer les profits et les plus fortes rémunérations. L'objectif est de réduire la prise de risques excessifs des institutions bancaires.
Une idée plutôt séduisante est d'obliger un certain provisionnement ex-ante de la part des banquiers. Il s'agit de les obliger à faire des provisions en haut de cycle pour s'assurer en cas de crise. Cette possibilité est proche du "narrow banking" évoqué plus haut. La proposition du FMI d'imposer une taxe sur les institutions semble en premier lieu se rapprocher de ces propositions. Mais comme l’explique Jean-Charles Rochet, l'impact pourrait être quasi-nul. Le FMI souhaite développer un fond mais il ne s'agit en aucun cas d'un changement du mécanisme d'assurance. SI ce n'est plus l'Etat qui subvient aux besoins d'une banque en situation de crise, ce sera un fond spécifique. En outre il n’y a aucun effet qui désinciterait les positions risquées entreprises par certaines institutions financières. Le véritable moyen pour encourager un processus désincitatif repose alors sur la gestion de ce fond par une autorité indépendante (comme les banques centrales).
Cependant, et JC Rochet en est conscient, si une autorité indépendante est justifiée (par des travaux empiriques comme théoriques), sa mise en place est extrêmement difficile, en particulier parcqu’elle nécessite la coordination et l’acceptation de plusieurs pays aux intérêts politiques divergents. D’autre part si ces intérêts convergent, c’est sur un unique point: que l’Etat conserve ses marges de manœuvre en matière de politique économique. Dès lors, doit-on percevoir cet aléa moral comme le prix à payer pour l’autonomie de chaque pays et ce au dépend d'une minimisation du risque d'instabilité financière?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire