8 oct. 2012

Le retour au Glass Steagall Act, une fausse bonne idée


La tentation d’un retour



L

a crise financière de 2007-2009 a mis en évidence les faiblesses du système bancaire mondial. De la titrisation des crédits subprimes à la défaillance d’une réglementation émolliente, en passant par les risques excessifs pris par les opérateurs financiers ou encore par le caractère systémique de certains établissements bancaires, diverses explications ont été fournies pour expliquer la crise et surtout pour comprendre quelles mesures devaient être mises en place à l’avenir, à la fois pour prévenir et endiguer de tels dysfonctionnements.


Parmi ces mesures, l’instauration d’un  nouveau Glass Steagall Act semble particulièrement séduire, tant le monde politique que certains économistes. Pour autant, on peut se permettre de douter de son efficacité réelle, tant son apport est aussi incertain que mitigé.

Le Glass Steagall Act ou Banking Act a été établi en 1933 aux Etats-Unis sous l’administration Roosevelt dans le cadre du New Deal. Il intervenait après la crise de 1929 et avait, entre autres, pour objectif de séparer les banques de dépôt des banques d’investissement. Cette loi fut abrogée en 1999 par le Financial Services Modernization Act. 

Il est indéniable que le fait que certaines  banques aient considérablement augmenté leur « taille », depuis ces vingt dernières années, a amplement fragilisé et menacé la stabilité du système financier et par effet de déversement, l’économie réelle. Dès lors, instaurer un nouveau Glass Steagall Act contribuerait à minimiser la taille des établissements bancaires et à éviter que les activités d’investissement d’une banque puissent se répercuter sur les dépôts de leurs clients, ce qui est louable.

Une efficacité douteuse pour un résultat mitigé
Toutefois séparer les activités d’investissement, de celles de dépôt, n’aurait pas forcément les résultats attendus. Parmi les banques qui ont fait faillite lors de la crise, toutes n’étaient pas des banques  à caractère universelle : le meilleur exemple est celui de la Northern Rock, en Grande Bretagne, une importante banque exclusivement de dépôt qui a fait faillite avant d’être nationalisée en février 2008.

De plus, au-delà des plans d’aides et des bailout apportés aux banques, certaines banques se sont montrées plus résilientes que d’autres grâce à leur structure diversifiée. Cette diversification  leur a  permis de compenser les pertes subies par un secteur d’activité et par les performances d’autres sous divisions. Il est actuellement très difficile de mesurer avec exactitude les effets de contagion au sein d’institutions financières si importantes. Il est alors difficile de  tirer des conclusions sur les avantages de la séparation des activités des banques. Il semblerait même que cela puisse contribuer à l’affaiblissement de certains établissements bancaires.

Aussi, à aucun moment les débats sur un nouveau Glass Steagall Act   ne se préoccupent de la délicate question de la gestion des liens entre banques et hedge funds, pourtant source évidente de risque systémique et d’instabilité chronique future ; les bailouts des banques ne sont pas non plus considérés, bien qu’ils aient coûté près de 14 000 milliards de dollars principalement aux Etats-Unis, en Europe et en Grande Bretagne (soit un quart du PIB mondial)

A la recherche de compromis plus efficaces
Le retour à un Glass Steagall Act ne semble donc pas vraiment adapté pour résoudre efficacement les problèmes  intrinsèques que représentent la taille des banques et la protection des dépôts. Il est trop radical, sans efficacité avérée et sans doute trop contraignant, ce qui risquerait d’affecter le système bancaire et l’économie réelle.

Plusieurs compromis ont été proposés ces dernières années, essentiellement par la littérature économique mais pas uniquement. Leurs objectifs se résument par leur volonté commune d’éviter de reproduire les mêmes erreurs que par le passé, tout en essayant d’améliorer la solidité du système financier, ou du moins bancaire, en incitant les banques à tendre vers plus de discipline de marché. Il n’est pas question ici de dresser une liste exhaustive de ces propositions mais de présenter celles qui constituent les approches les plus efficaces et les plus séduisantes.

Parmi celles-ci, on peut citer la Volcker Rule (règle Volcker), issue du Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act aux Etats-Unis en 2010. Cette  règle prend peu à peu le pas  sur le Glass Steagall Act dans les pays anglo-saxons et séduit de plus en plus au sein de la Zone Euro.

On peut brièvement la résumer via ses deux volants principaux : le premier interdit à toute entité bancaire d’investir dans des hedge funds ; le second précise d’une part que les banques ne pourront pas investir leurs fonds pour compte propre ou contre l’intérêt des clients. D’autre part les banques de dépôt, assurées du risque de défaut, se verront interdire d’acquérir ou de fusionner avec une autre banque. Le Dodd-Frank Act semble plus pertinent et efficace que le Steagall Act et répond donc bien au double objectif évoqué plus haut.
Même si la séparation des activités d’investissement et de dépôt des banques n’est pas la meilleure solution à adopter, elle peut se révéler être une excellente « menace », dans le sens où les banques devront internaliser leurs externalités, si elles ne veulent pas se voir démantelées. C’est ce qui est proposé par Richard J. Herring, professeur de finance à la Warton School of Pennsylvania, avec son idée de Wind-Down Plans.

L’articulation du plan consisterait à ce que les banques établissent dans un premier temps une cartographie de leurs différentes activités et filiales, de leurs interconnexions et de leurs expositions. Ensuite il préciserait comment, en cas de risque de contagion interne élevé, les banques pourraient séparer ces activités, sans pour autant mettre en péril leur gestion et leur structure globale ni les marchés. Après avoir établi ce plan, ce dernier devra être évalué et validé par un superviseur (une banque centrale ?), sous peine de lourdes sanctions ou d’interdiction d’exercice. Les banques pourront dès lors mieux s’autogérer et tendre vers plus de discipline de marché, étant donné l’épée de Damoclès qu’elles auront au dessus de leur tête. On peut même imaginer que de tels plans permettront d’avoir un meilleur suivi des banques et de pouvoir, ex ante, prendre des dispositions afin de minimiser la probabilité d’avoir recours à un bailout ultérieurement.

La question d’un nouveau design des assurances dépôts
S’il  ne semble, à priori, pas nécessaire de séparer les activités de dépôt et d’investissements des banques actuellement, une nouvelle architecture plus approfondie des fonds de garantie de dépôts (FGD) s’avère plus que nécessaire. En effet le problème de l’assurance des dépôts est assez complexe et les préconisations du Glass Steagall Act ne les résolvent en rien mais au contraire les délaissent.

Les FGD constituent une composante essentielle du filet de sécurité financière, assurant la solvabilité des banques et la protection des dépôts, même les moins sophistiqués. Il n’existe pas un modèle parfait de FGD et les possibilités sont multiples : modèle de coassurance, partenariat public/privé, garantie des dépôts ou non en monnaies étrangères, contrats implicites etc... L’idéal serait d’augmenter la couverture d’assurance des dépôts, mais il a été amplement démontré que ces phénomènes de overinsurance fragilisent les banques en favorisant l’aléa moral, les déposants se sachant fortement couverts ex ante, auront tendance à prendre le maximum de risque ex post.


Au sein de l’Union Européenne, la directive des FGD impose une assurance pour chaque compte d’au moins 20 000€ par déposant ; quant aux Etats-Unis, les limites de couverture de dépôts ont atteint 200 000 $. Une synthèse de la littérature économique sur le sujet fait ressortir un certain nombre de points incontournables pour élaborer une bonne architecture : un système de limite de couverture cohérent avec les caractéristiques économiques du pays, l’adhésion obligatoire des institutions concernées par le système de garantie, un partenariat hybride privé/public, une forte autonomie et réactivité des FDG pour éviter les bank run  (et l’intervention de fonds publics qui pèse sur le déficit qui en découlerait) et pour terminer un renforcement de la supervision bancaire sur les prix et services rendus par les FDG.


Victor LEQUILLERIER



16 commentaires:

  1. Concernant FDG, quel risque voulez-vous que les déposants prennent si la banque ne donne plus
    accès à la spéculation puisqu'elle cette activité aura été scindée (différents conseils d'administration,
    différentes entités). Glass-Steagall s'avère plus efficace à la protection des banques de dépôts en ne donnant plus accès à eux comme gage (ou mise) à la partie spéculation. C'est si simple que ne pas vouloir la mettre en place prouve que c'est bien là qu'est le problème ! Le kidnapping des dépôts qui permet aux établissements totalement en faillite de venir faire du chantage aux Etats pour qu’ils les renflouent au risque que ces établissement ne donne plus accès au guichet à leurs clients. Par ailleurs si Glass-Steagall vous semble si « inutile » en quoi pourrait-il vous gêner à ce qu’il soit mis en place ? Par rapport aux dizaines voir centaines d’essais de règlementations, de réunions en tout genre pour stopper la banqueroute du système qui n’aboutis à rien à rien d’autre qu’à nous enfoncer encore plus . Par ailleurs concernant Northen Rock vous semblez omettre sciemment (puisque vous êtes une personne avisée) qu’ elle sollicita la Banque d'Angleterre comme prêteur en dernier ressort en Grande-Bretagne, en raison de sa difficulté à lever des fonds sur le marché. Les causes venaient i n d i r e c t e m e n t de la crise des subprimes, la banque étant solvable, mais ayant des problèmes de liquidités, car une grande part de ses fonds étaient investis dans des crédits hypothécaires à risques, non disponibles rapidement.. TOTALEMENT impossible avec GLASS-STEAGALL !

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  2. Dans le cas de Northern Rock, l'incapacité à recourir aux marchés financiers reposait sur le risque de dépréciation des actifs adossés aux crédits hypothécaires et non pas sur leur disponibilité à court terme. La séparation des activités doit favoriser la transparence des opérations et ainsi faciliter la régulation. Il ne s'agit pas d'établir un modèle de recours au financement mais avant tout de mieux distinguer des activités de placement et de transaction pour inciter à une plus grande capitalisation pour diminuer le risque systémique sur le système bancaire. Et justement, l'exemple de Northern Rock montre qu'un isolement des activités de dépôt n'empêche pas son insolvabilité.

    L'intervention de la Banque d'Angleterre est particulière au marché anglais, comme les régulations qui y sont appliquées. Que la Banque d'Angleterre prête à Northern Rock malgré son manque de garantie, avant de racheter quelques années plus tard des actifs (assouplissement quantitatif) détenus par d'autres intermédiaires financiers, ne justifie aucun modèle de régulation. Il s'agit d'un autre sujet.

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  3. Cher lecteur anonyme

    tout d'abord je vous remercie de votre commentaire et je vais essayer de vous fournir des éléments de réponse. Je remercie aussi au passage Arthur J. pour sa contribution sur le cas de la Northern Rock, ce qui me permet de passer directement aux autres sujets, étant donné que je n'ai rien à rajouter.

    Le problème autour de la question de la séparation des banques, de la gestion de leur taille et de la protection des déposants n'est pas aussi simple que vous semblez le croire. Si les choses étaient si simples, même avec un peu de lobbying bancaire, on voterait et appliquerait un nouveau Glass Steagall Act pour régler les choses et je ne prendrai même pas la peine d'écrire un article sur ce sujet.

    Il ne fait aucun doute que cette loi s'imposait d'elle même dans les années 30 aux Etats-Unis et qu'elle était indispensable. Plusieurs personnes, avisées ou non, se prêtent assez souvent à une comparaison avec la crise de 29 pour expliquer la crise de 2007-2009. Certes pour les deux, on a un krach boursier majeur, et la formation d'une bulle auto-entretenue par des opérateurs financiers souvent irresponsables. Mais la comparaison s'arrête bien la.

    Il ne faut pas oublier qu'en l'espace d'environ 70 ans, les choses ont bien changé, tant en terme de concentration du système bancaire, de la multiplication d'institutions financières et de produits financiers en tout genre, de gestions des actifs financiers, de régulation etc...

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    1. Vous semblez raisonner comme si le monde n'avait pas enregistré tous ces changements. Le changement majeur,c'est que la dernière crise fut surtout une crise systémique, qui n'a jamais eu de précédent auparavant. Les banques,toutes les banques, universelles ou non, ont été affectées durablement (mais pas trop les banques libanaises (pour des raisons de mise en garde de leur BqC et de leur aversion aux innovations financières, bref), seules au monde avec quelques toutes petites banques régionales allemandes, et encore...) par la crise à cause de la dégradation de leur portefeuille d'actions et des banques liquides jusqu'alors se sont retrouvées dans des situations tellement désastreuse, qu'elles ont fait faillite et ont du coup fait appel au rôle de PDR des Banques Centrales (cf Arthur J. et le cas de la Northern Rock pour comprendre mes propos). Les phénomènes de contagion ont été telles qu'en un temps record il n'y avait plus de liquidité pour les banques et une perte de confiance généralisée, sur les marchés et dans le monde entier.

      Le Glass Steagall ne prend aucune précaution contre le risque systémique, il se contente de résoudre partiellement un problème, pour un certain laps de temps. Or tout laisse à penser que les prochaines crises seront encore systémiques, car c'est actuellement la nouvelle donne dans le monde de la finance.

      Il est vrai que les banques peuvent faire pression sur les BqC en mettant en avant les dépôts de leurs clients. Si seulement l'unique crainte de bank run suffisait pour contraindre une BqC à alimenter des banques en liquidité en cas de crise, les choses seraient certes regrettables mais resteraient encore assez simple à gérer. Dans les années 30, c'était le cas, mais maintenant, certaines banques ont atteint un pouvoir tel, qu'elles sont devenues Too Big To Fail et il n'est pas crédible de ne pas les sauver (sinon tout le système de financement de l'économie s'écroule vraiment et les conséquences seraient encore plus désastreuses que ce qui se passe maintenant), activité de dépôts ou non.

      Le Glass Steagall me gêne vu qu'il n'est pas la solution efficace et qu'il ne traite aucun problème vraiment dans le fond. Il donne l'illusion de donner un grand coup sur la tête des banques et de résoudre définitivement tous les problèmes alors que non, pas du tout du tout! C'est un peu vite fait, mal fait. Par contre je suis bien d'accord avec vous, la multiplication des comités et des discussions ralentissent plus qu'autre chose les réels avancés et sont bien trop peu efficaces, surtout en Europe. A un point tel qu'on se fait rattraper par les anglos-saxons, plus entreprenants et efficaces, pourtant d'habitude d'un laxisme coupable sur ces questions, c'est dire...

      La règle Volcker est un compromis déjà plus efficace, mais il ne suffit pas. Il faut l'accompagner d'autres mesures complémentaires, qui elles traitent du risque systémique, de la question du design des FDG, du TBTF, d'un renforcement de la régulation etc... (en gros tout ce que ne fait pas le Glass Steagall Act). Des problèmes contemporains en quelque sorte

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  4. Vous êtes dans le déclaratif, vous ne démontrez rien vous bornant à reprendre comme un perroquet les arguments fallacieux et éculés de la Fédération Bancaire Française. Sans vous en rendre compte, vous êtes instrumentalisés par les quelques bénéficiaires du statu quo.

    Je vous incite à lire la note que le professeur Scialom vient de sortir sur le sujet chez Terra Nova:


    http://www.tnova.fr/sites/default/files/121004%20-%20La%20r%C3%A9forme%20de%20la%20structure%20des%20banques%20-%20un%20enjeu%20d%C3%A9mocratique%20-%20Scialom.pdf

    Vous y noterez notamment qu'il n'est pas question de mettre en place le Glass-Steagall seul. Cela doit être accompagné d'autres mesures telles que Bâle 3, les testaments bancaires, etc. GS, c'est la première brique; d'autres sont bien évidemment nécessaires. Mais vouloir éliminer d'entrée de jeu le GS en disant que cela n'est pas suffisant en soi est intellectuellement étonnant.

    Est-ce que vos papiers passent devant un comité de lecture avant d'être publiés sur le net (en terme de déontologie, ce serait la moindre des choses quand on a une vocation pédagogique...)?

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  5. Bonjour,

    il serait utile de vous présenter avant d'engager une telle discussion.

    Merci pour votre lien sur Terra Nova. L'article a le défaut, et cela ne vous a pas échappé, de mener une réflexion fondée sur une définition de la systémicité très contestable. Toute banque est par nature systémique, c'est le degré de systémicité qui porte un risque de vulnérabilité sur les autres banques.

    Nous vous proposons donc d'utiliser les références au moyen desquelles ce papier a été rédigé. Il s'agit de références académiques, et non pas du think tank du parti socialiste:

    Asli Demirgüç-Kunt, Edward J. Kane & Luc Laeven (2006), “Deposit Insurance Design and Implementation: policy lessons from research and Practice”.
    Asli Demirgüç-Kunt, Edward J. Kane (2002), “Deposit Insurance Around The Globe: Where Does It Work?”.
    Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act (2010).
    Morris Goldstein & Nicolas Véron (2011), “Too Big To Fail: The Transatlantic Debate”, Bruegel workink paper.
    Robin Greenwood, Augustin Landier and David Thesmar (2011), “Vulnerable Banks”
    Richard J. Herring (2010), « Wind-down Plans as an alternative to Bailouts, The Cross Border Challenges ».
    Richard J. Herring and Jacopo Carmassi (2010); “The Corporate Structure of International Financial Conglomerates: Complexity and its Implications for Safety and Soundness”; In The Oxford Handbook of Banking.
    Johnson, Simon, and James Kwak (2010), 13 Bankers: The Wall Street Takeover and the Next Financial Meltdown. New York

    Les papiers passent en comité de lecture, comme vous le savez.

    Bonne continuation

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  6. Je pense effectivement qu'il est temps de clore ce débat, étant donné que vous n'apportez pas d'éléments, ni d'idées et que vous ne démordrez toute façon pas du GS. Je terminerai donc en rappelant que Bâle III reste très pro-cyclique (sauf les coussins contra-cycliques, réel apport) et s'accompagne de mesures qui auraient pu empêcher la crise que nous venons de subir mais pas les prochaines car il ne se projette pas vers l'avenir... tout comme le GS qui se préoccupe et gère des problématiques d'un temps bien et bien révolu, depuis déjà plusieurs décennies!

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    1. Waoww... vous souhaitez "clore le débat". Parce que vous manquez d'arguments? Sachez que l'étude du professeur Scialom est d'autant plus crédible que ses références sont académiques (il me semble, sauf erreur, que vous vous présentez vous-même comme étant "académique"...). Et son texte est passé devant un comité de relecture chez Terra Nova. Et vous tentez de décrédibiliser d'un revers de main la séparation totale d'une formule laconique ("des problématiques d'un temps révolu"). C'est votre point de vue mais il est, de mon point de vue, un peu "court": regardez en face le momentum qui est en train de se créer sur le simple bon sens du "2B2F" et le conflit d'intérêt patent vis-à-vis des clients bancaires. Un des gouverneurs de la Fed, Daniel Tarullo, vient encore de s'exprimer en ce sens hier. Bon d'accord, il y a encore du chemin à faire en France avec un gouverneur de la Banque de France "qui ne comprend pas la séparation". Mais je vous rassure, nous, "anonymes", faisons partie des 99%, sauf que certains d'entre nous sont dans la catégorie des "sachants". Et comme disait l'autre, "ne vous cassez plus la tête, les marchés s'en sont déjà chargés".

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    2. Nous ne critiquons pas Laurence Scialom mais l'utilisation que vous faites dans ce papier. A noter en particulier que la Règle Volcker généralise les mesures à l'ensemble des intermédiaires financiers. Or le papier de Laurence Scialom avance que "plus une banque est systémique, plus la banque est vulnérable à un choc de liquidité et plus sa structure d'activité se déforme en faveur du trading et des activités sur dérivés":

      - de cet argument, on en déduit donc que selon le degré de systémicité des intermédiaires financiers, certains ne devraient pas voir leurs activités segmentées (exemple: les coopératifs ou groupes mutualistes)

      - le rapport Liikanen sépare le trading des activités sur dérivés: la Règle Volcker est une séparation généralisée mais qui concerne un champ d'activité plus limitée que la proposition Liikanen

      - le rapport de Laurence Scialom précise par exemple par exemple que "scineder les activités des banques ne réduirait par leur capacité de prêt car l'accès aux marchés serait maintenu". C'est tout à fait vrai, en revanche l'argument du renchérissement du coût de refinancement n'est pas évoqué.

      Ainsi ce qui est important, ce n'est pas la qualité du rapport que vous nous proposez mais sa portée qui peut amener certains lecteurs, c’est votre cas, à mal l’interpréter. Terra Nova est dans son rôle de think tank.

      Enfin sur le « kidnapping des dépôts » que vous évoquiez dans votre premier message pour que « les banques utilisent le chantage envers les Etats » ce n’est pas la raison. Si les banques avaient déjà séparées leurs activités de détails et de marché, la systémicité entre leurs entités vouées au risque de marché aurait augmentée. En somme, je comprends votre argument comme « faisons diminuer le risque en concentrant celui-ci sur un champ d’activité plus limité ». Or la vulnérabilité et la systémicité d’une banque ne diminue pas en concentrant le risque.

      L’ensemble des commentaires, chaque intervenant ayant pris le temps de vous répondre correctement, visait à vous montrer que l’enjeu ne vient pas de limiter le risque sur les dépôts, mais de faire baisser le risque global du système bancaire en le supervisant mieux pour mieux prévenir. Ce que montre aussi le rapport de Laurence Scialom.

      Enfin le Glass Steagall Act est une mesure qui a instauré un organisme de supervision mais dont la teneur n'a jamais abouti à une modification de la structure bancaire américaine. Comprenons que les activités de dépôts viennent en support, entre autre, du financement de l'économie notamment des activités de crédit. Encore une fois, ce qui est nécessaire est le contrôle du risque entre les activités de crédit très risquées et celles moins risquées. Séparer la banque de dépôt des autres activités ne résoudra donc pas le problème d'une meilleure supervision.

      Enfin, comprenez bien que le système financier et bancaire américain n'est pas celui européen. Daniel Tarullo et Christian Noyer ne travaillent pas dans le même environnement bancaire.

      Tandis que l'intervention de de Daniel Tarullo, pas de hier mais du 10 octobre, proposait une limitation de la taille des banques par leurs actifs pour un meilleur système de supervision du risque systémique, et pas une concentration du risque bancaire sur l'ensemble des activités de marché.

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  7. C'est drôle, vous reprenez également l'argument de Jacques de Larosière dans le FT, sur "il ne faut rien changer, c'est un problème de supervision". Parlons-en, de la supervision "française"... que ce soit du Crédit Lyonnais au début des années 80 à l'affaire Kerviel, les pertes de Natixis, la double-débâcle de Dexia ou encore la crise de liquidités des banques françaises en 2011. En fait, on peut même se demander si la supervision ne souffre pas du syndrôme de Stockholm.

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  8. Je reprends vos arguments, l'un après l'autre, en faisant un copier/coller de votre post et en mettant mes commentaires en dessous. Je suis obligé de découper mon post en plusieurs parties car votre blog bloque les textes de plus de 4.000 signes.
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    VOUS : Nous ne critiquons pas Laurence Scialom mais l'utilisation que vous faites dans ce papier. A noter en particulier que la Règle Volcker généralise les mesures à l'ensemble des intermédiaires financiers. Or le papier de Laurence Scialom avance que "plus une banque est systémique, plus la banque est vulnérable à un choc de liquidité et plus sa structure d'activité se déforme en faveur du trading et des activités sur dérivés":
    MON COMMENTAIRE : oui, c’est tout à fait exact
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    VOUS : - de cet argument, on en déduit donc que selon le degré de systémicité des intermédiaires financiers, certains ne devraient pas voir leurs activités segmentées (exemple: les coopératifs ou groupes mutualistes)
    MON COMMENTAIRE : oui il s’agit de réduire la taille des établissements too big to fail
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    VOUS : - le rapport Liikanen sépare le trading des activités sur dérivés: la Règle Volcker est une séparation généralisée mais qui concerne un champ d'activité plus limitée que la proposition Liikanen
    MON COMMENTAIRE : Oui chez Volcker le market making reste autorisé ce qui est une aberration – que ce soit du marché primaire ou du marché secondaire, ça doit sortir
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  9. VOUS : - le rapport de Laurence Scialom précise par exemple par exemple que "scineder les activités des banques ne réduirait par leur capacité de prêt car l'accès aux marchés serait maintenu". C'est tout à fait vrai, en revanche l'argument du renchérissement du coût de refinancement n'est pas évoqué.
    MON COMMENTAIRE : non elle évoque le renchérissement du coût de refinancement quand elle parle de subvention liée à la garantie implicite de l’état qui, de plus, introduit des distorsions de concurrence vis à vis des établissements qui ne sont pas devenus too big to fail… De mémoire sur les 15 dernières années, la taille des 5 plus grosses banques françaises est passée de 90% à 350% du PIB. On n’est plus dans des mécanismes naturels de mondialisation mais de captation anormale de valeur économique sur les autres acteurs économiques du fait de cette distorsion concurrentielle. A noter que ces 5 banques font partie du club très fermé des 29 G-SIFIS (banques systémiques au niveau mondial).
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    VOUS : Ainsi ce qui est important, ce n'est pas la qualité du rapport que vous nous proposez mais sa portée qui peut amener certains lecteurs, c’est votre cas, à mal l’interpréter. Terra Nova est dans son rôle de think tank.
    MON COMMENTAIRE : Croyez-moi, dans mon cas, je ne risque pas de mal interpréter la note du professeur Scialom. Sa démonstration est limpide, et surtout, me semble-t-il, elle garde l’intérêt général comme fil conducteur. Vos arguties alambiquées me troublent quand à vos motivations réelles.
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    VOUS : Enfin sur le « kidnapping des dépôts » que vous évoquiez dans votre premier message pour que « les banques utilisent le chantage envers les Etats » ce n’est pas la raison. Si les banques avaient déjà séparées leurs activités de détails et de marché, la systémicité entre leurs entités vouées au risque de marché aurait augmentée. En somme, je comprends votre argument comme « faisons diminuer le risque en concentrant celui-ci sur un champ d’activité plus limité ». Or la vulnérabilité et la systémicité d’une banque ne diminue pas en concentrant le risque.

    MON COMMENTAIRE : Non, vous ne pouvez affirmer sur un ton déclamatoire que « la systémicité entre leurs entités vouées au risque de marché aurait augmentée ». Au contraire, les 5 banques françaises sont proportionnellement plus systémiques que celles d’autres pays à cause de leur taille démesurée (voir précédemment) et de leurs activités dans les produits dérivés. Le comité de Bâle ne s’y est pas trompé en les classant dans les 29 G-SIFIs.
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  10. VOUS : L’ensemble des commentaires, chaque intervenant ayant pris le temps de vous répondre correctement, visait à vous montrer que l’enjeu ne vient pas de limiter le risque sur les dépôts, mais de faire baisser le risque global du système bancaire en le supervisant mieux pour mieux prévenir. Ce que montre aussi le rapport de Laurence Scialom.
    MON COMMENTAIRE : Non, le rapport du professeurs Scialom dit que la séparation totale n’est pas suffisante en elle-même et doit être accompagnée des autres mesures destinées à réduire la taille des banques too big to fail, comme les plans de résolution, etc.
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    VOUS : Enfin le Glass Steagall Act est une mesure qui a instauré un organisme de supervision mais dont la teneur n'a jamais abouti à une modification de la structure bancaire américaine. Comprenons que les activités de dépôts viennent en support, entre autre, du financement de l'économie notamment des activités de crédit. Encore une fois, ce qui est nécessaire est le contrôle du risque entre les activités de crédit très risquées et celles moins risquées. Séparer la banque de dépôt des autres activités ne résoudra donc pas le problème d'une meilleure supervision.
    MON COMMENTAIRE : Là vous faîtes du « révisionnisme » historique quand vous dîtes que le GSA n’a pas abouti à une modification de la structure bancaire américaine : avant il y avait la banque MORGAN, après il y a eu la banque commerciale MORGAN GUARANTEE et la banque d’invetsissement MORGAN STANLEY. Bien évidemment qu’il faut aussi améliorer la supervision mais améliorer celle-ci sans s’attaquer conjointement au problème de la taille du too big to fail ne résoud pas le problème de fond, et pour réduire la taille des bilans, la séparation complète est encore la plus efficace. Cette scission doit être impérativement accompagnée d’autres mesures (plans de résolutions bancaires précités, chambres de compensation des dérivés, améliorer la supervision – y compris française !, etc.).
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    VOUS : Enfin, comprenez bien que le système financier et bancaire américain n'est pas celui européen. Daniel Tarullo et Christian Noyer ne travaillent pas dans le même environnement bancaire.
    MON COMMENTAIRE : Le Glass Steagall a très bien fonctionné aux Etats-Unis car il a évité les crises « systémiques »pendant 66 ans (il n’a pas évité les faillites bancaires individuelles, qui n’est pas le sujet : une banque doit pouvoir faire faillite SANS entraîner tout le système bancaire dans sa chute – c’est ça l’enjeu). C’est quand le GSA a été aboli que la finance a commencé à partir en quenouille. En France aussi car il y avait une séparation DE FACTO issue de la « doctrine Germain » de la fin du XIXème siècle jusqu’à ce que M. Pébereau établisse au milieu des années 90 sa théorie de « Très Grande Financière » (TGF), qu’il réalisa après son OPE hostile sur Paribas. Comme dit plus haut, la France compte 5 banques G-SIFIs sur les 29 mondiales, ce qui illustre le fait que notre système bancaire est proportionnellement plus systémique que les autres, non seulement à cause du bilan démesuré de ces établissements mais aussi à cause de leurs positions beaucoup trop importantes dans les produits dérivés, ce qui en augmente considérablement la complexité et l’interconnexion systémique.
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  11. VOUS : Tandis que l'intervention de Daniel Tarullo, pas de hier mais du 10 octobre, proposait une limitation de la taille des banques par leurs actifs pour un meilleur système de supervision du risque systémique, et pas une concentration du risque bancaire sur l'ensemble des activités de marché.
    MON COMMENTAIRE : Le fond du problème ne réside-t-il pas dans le fait que, via les activités de marché, s’est créée une rente de situation de quelques dirigeants de ces grandes banques universelles ? N’ont-ils pas un intérêt personnel à dire que, sous couvert du service des clients entreprises (les plus grosses entreprises uniquement car la PME du fin fond de nos provinces n’a que faire des salles-de-marché et autres dérivés toxiques), il ne faut pas séparer les activités ? Ne sont-ils pas, en fait, en faveur du maintien des rémunérations variables démesurées des opérateurs de marché (les fameux « traders ») car cela leur permet – ce qui au passage révèle leurs véritables motivations – de justifier plus pour eux-mêmes ? Tout ce petit monde ne vit-il pas aux crochets de la garantie de l’état ? Et quand ça va mal sur les marchés, ce sont les PME qui en souffrent au-travers du resserrement du crédit bancaire et c’est la collectivité qui est contrainte de se porter au secours des banques, d’en supporter le coût des externalités négatives. Le cœur du problème réside bien dans l’enrobage d’intérêts strictement individuels présentés comme étant mus par l’intérêt général. Je vous serais reconnaissant de ne pas censurer mon message, ne serait-ce que pour me convaincre que votre intervention était sincère, et non pas téléguidée par ces intérêts particuliers.

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  12. Le document récent publié sur le site de la Banque des Règlements Internationaux par Andrew Haldane de la Banque d'Angleterre apporte un éclairage très instructif sur ce sujet:

    http://www.bis.org/review/r121030d.pdf

    (document disponible en anglais seulement)

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  13. Source AFP 01/11/2012:
    Le Conseil de stabilité financière (FSB), qui a été mandaté par les pays du G20 pour renforcer la législation du secteur bancaire, a dévoilé jeudi soir cette liste, qui comporte désormais 28 banques. Sont désormais présentes dans cette liste (par ordre d'importance) : Citigroup, Deutsche Bank, HSBC, JP Morgan Chase, Barclays, BNP Paribas, Bank of America, Bank of New York Mellon, Credit Suisse, Goldman Sachs, Mitsubishi UFJ FG, Morgan Stanley, Royal Bank of Scotland, UBS, Bank of China, BBVA, Groupe BPCE, Group Crédit Agricole, ING Bank, Mizuho FG, Nordea, Santander, Société Générale, Standard Chartered, State Street, Sumitomo Mitsui FG, Unicredit Group, Wells Fargo.
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    8 banques US
    4 banques françaises (Dexia, en liquidation, a été sortie de la liste) -- la France est proportionnellement "sur-représentée" dans cette liste des "Too big to fail"
    4 banques anglaises
    3 banques japonaises
    2 banques suisses
    2 banques espagnoles
    1 banque allemande
    1 banque italienne
    1 banque néerlandaise
    1 banque suédoise
    1 banque chinoise

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