31 août 2008

Théories des cycles réels ou Real Business Cycle

Proposée par Kydland et Prescott en 1982 (Econometrica), Long et Plosser en 1983 (Journal of Political Economy), la théorie des cycles réels visent à identifier les « chocs » sur les fondamentaux pour expliquer les cycles économiques. Pour ce faire, la théorie se fonde sur l’acceptation des fondamentaux et sur deux hypothèses.

Les fondamentaux


Les fondamentaux ont été proposé par les néoclassiques pour désigner les paramètres caractérisant les agents économiques sous forme de données et pouvant alors expliquer certains phénomènes économiques. Ce sont des variables exogènes qui se distinguent parmi les ménages (relations de préférence, dotations initiales), les entreprises (fonctions-techniques de production), le cadre institutionnel (décision) et la conjecture (réaction de tel agent sur l’action d’un autre). L’acceptation des fondamentaux est important à souligner car il permet une meilleure compréhension de ce que suppose le modèle.

Hypothèses

A l’opposé des explications keynésiennes, même monétaristes, la théorie des RBC vise à analyser les cycles comme résultants de chocs exogènes et non de dysfonctionnements du système économique. La première hypothèse portera alors sur le plein emploi des ressources disponible, supposant ainsi un équilibre concurrentiel permanent, comme les nouveaux classiques.
La seconde hypothèse considère la monnaie comme sans influence sur l’économie donc l’assimile à une variable endogène au système dont les fluctuations dépendent des phénomènes réels. Cette dernière, non sans critiques, se différencie des nouveaux classiques.

Le choix intertemporel d’un agent unique

Un agent représentatif et unique doit maximiser son utilité inter temporelle en décidant du partage entre consommation et épargne. Ses décisions définiront sa trajectoire de consommation, sa trajectoire de production et sa trajectoire d’investissement. La théorie des cycles réels visent alors à établir des modèles cherchant les types de chocs affectant les trajectoires. Au moyen des fondamentaux intégré aux modèles sous formes de paramètres, les résultats permettent alors de rendre compte de cycle économique. Ces fondamentaux sont essentiels car sources des chocs. Or, sans ces derniers il n’y a strictement aucune raison que des cycles économiques existent d’où la nécessité de modéliser. L’un des intérêts de la théorie des RBC se retrouve dans son explication sur la persistance de l’effet d’un choc. Par exemple, l’hypothèse d’endogénéiser la monnaie est contraire aux nouveaux classiques qui supposent de leur côté qu’un choc monétaire est toujours résorbé.

Ce point de vue « en amont » du choix intertemporel de l’agent implique ainsi un point de vue « en aval » ou reposant sur une situation a posteriori. En effet, en supposant toujours un marché concurrentiel permanent, de nombreux agents et des prévisions parfaites donc des anticipations rationnelles, ont peut déduire de la trajectoire de l’agent (en termes de quantités) une trajectoire en termes de prix. Or, en considérant qu’un agent se verse un salaire égal à la productivité marginale de son travail et un taux d’intérêt égal à la productivité marginale du capital ; on peut considérer que tous les agents maximisant leur condition auront des trajectoires identiques. Or, si toutes les trajectoires sont identiques alors l’échange est impossible. Et si l’échange ne peut se réaliser alors comment expliquer l’hypothèse d’un équilibre concurrentiel permanent alors que l’échange lui-même n’a aucune raison d’exister ?

De nombreuses contradictions

C’est là une première critique du modèle. Mais il s'agit aussi d'étudier d’une part son aspect déterministe, et d’autre part ses contradictions entre les conséquences du modèle et ses hypothèses.

Son aspect déterministe se détache de l’économétrie. Même si une partie du succès de la théorie des RBC repose sur les possibilités offertes en matière d’utilisation des données pour les confronter aux modèles, ces derniers supposent de déterminer les paramètres en leur attribuant une valeur. Or, comment déterminer la valeur de paramètre permettant d’expliquant un choc dont on cherche l’existence ? La théorie considère donc un modèle comme valide si le calibrage attribué permet de définir des trajectoires se rapprochant aux mieux de l’évolution des variables observées. En d’autre terme, on adopte le « comme si » des néoclassiques.

Le « comme si » propose de ne pas insister sur les hypothèses d’un modèle en accordant de l’importance à leur prédiction. En outre, les hypothèses seront acceptées si les modèles qu’elles impliquent permettent des prédictions vérifiées ou considérées comme « valides ». C’est d’ailleurs une démarche difficilement concevable en économie. Si la physique des particules a pu y trouver un usage épistémologique sans précédent pour analyser un monde inobservable, la théorie économique n’a pas pu établir de modèles aux prévisions infaillibles. Evoquer le « comme si » reste d’autant plus intéressant dans le cadre de l’analyse de la théorie des cycles réels qu’elles nous apprend une nouvelle contradiction, cette fois-ci épistémologique.

La contradiction entre les conséquences du modèle et ses hypothèses deviennent plus évidentes. La théorie des RBC cherche à modéliser et identifier des chocs pour simuler une évolution passée. Or le « comme si » doit permettre aux modèles de prédire le fonctionnement de l’économie. Ainsi, en supposant « comme si », la théorie des cycles réels cherche à simuler par des hypothèses visant à prédire. Pour ce faire, elle utilise des variables exogènes dont les intervalles de confiance sont imprévisibles.

Critiques

Outre le débat qui pourrait découler de l’endogénéisation de la monnaie dans le fonctionnement de l’économie, deux autres critiques peuvent être apportées à cette théorie et concernent sa démarche. D’une part, le modèle se réduit au choix intemporel d’un agent et le mêle à un équilibre concurrentiel permanent où l’échange n’a pas lieu d’être et où son « unicité » ne devrait plus exister (…). D’autre part, les techniques d’ajustement aux données statistiques peuvent toujours être remises en cause.

Si la théorie des cycles réels a connu un certain écho c’est notamment parce qu’elle a démontré que la théorie de la croissance et la théorie des cycles pouvaient devenir une unique théorie. En excluant la tendance générale de la croissance et en expliquant les fluctuations par des chocs d’offres comme des chocs de progrès technique et de productivité, Prescott, Kydland, Plosser, Long voire Barro ont démontré la permanence de chocs sur l’économie. En neutralisant la monnaie, ils ont essayé de montrer que les fluctuations pouvaient se percevoir comme des ajustements nécessaires au système économique.

En pratique

La récession au début des années 80, suite à une politique monétaire restrictive, a montré les effets réels de la monnaie. L’économie est loin d’un « équilibre de plein-emploi » et la corrélation de Plosser (sur une série temporelle de 1955 à 1985), entre l'évolution de la production réelle américaine et l'évolution technologique de ce même pays, s’est avérée fausse car la récession économique ne s’est jamais expliquée par un déclin technologique.

Outre les commentaires, vous pourrez trouver un sujet de discussion consacré à la théorie des cycles réels sur le forum Econoclaste.

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