Un sujet sous-jacent à l’effet Balassa-Samuelson dans les Economie en Transition est celui de la convergence. Un terme difficile à définir car plusieurs interprétations ont pu être formulées depuis une quarantaine d’année et les premiers travaux initiés par Barro. En économie une convergence touche à l’économie réelle, un pays en transition devrait donc converger vers un certain niveau de développement en rattrapant son retard. A l’échelle européenne ou plutôt communautaire le terme a été maintes fois utilisé. D’abord pour définir la « convergence des politiques économiques au sein de l’Union Européenne» en 1974, ce qui rattachait directement le terme à la notion de coordination des politiques économiques. Dans les années 1990, la convergence s’est ralliée aux indicateurs de performances économiques c’est-à-dire à un ensemble de conditions reposant sur une stabilité des prix, des finances publiques, de la balance des paiements ou à un certain degré d’ouverture vers l’extérieur et d’ouverture à la concurrence. La mise en place du Traité de Maastricht a consacré le terme de convergence comme condition d’admission à la monnaie unique. Les critères étant essentiellement d’ordre monétaire : stabilité du taux de change, de l’inflation et des taux d’intérêt à long terme. La convergence est ici nominale. C’est bien la confusion entre ce qu’on peut appeler la convergence réelle et nominale qui pose problème. Car d’une part, la convergence réelle a dès lors concerné le rattrapage des économies en développement relativement aux économies jugées les plus performantes dans l’Union Européenne (via les fonds régionaux notamment via le FEDER) et d’autre part on a outrepasser les deux définitions de la convergence pour parler de convergence des convergences nominales et réelles... En outre les critères de Maastricht ont permis une convergence nominale tandis que les fonds alloués aux régions les moins développés ont facilité une convergence réelle. Mais le problème prend une autre tournure lorsqu’on examine l’usage qui est fait de ces concepts.
Le Traité de Maastricht accorde une importante aux critères d’ordre nominal alors que la recherche économique s’appuie généralement sur des critères réels que ce soit dans le cadre du choix d’un régime de change (MUNDELL 1961) ou dans le choix d’une adhésion à une monnaie unique. La particularité de ces modèles est qu’ils ne refusent pas des critères nominaux mais les considèrent comme secondaires car non invariant comparé aux critères structurels tel que le degré d’asymétrie entre pays (affectant la distribution des chocs entre pays), la mobilité des facteurs de production et l’efficacité des mécanismes d’ajustement. En outre ces critères réels de première importance sont neutres à l’égard du régime de change mais conditionnent l’efficacité de l’union monétaire. Il y a donc un véritable désaccord entre les critères nominaux, appliqués aujourd’hui, et les critères réels mises en avant par les économistes mais pourtant non appliqués. PISANI-FERRY (2004) montre que ces oppositions résultent d’un débat initié dans les années 70 entre les « économistes » soutenant que l’union monétaire résulte de la convergence structurelle et les « monétaristes » affirmant que l’union doit se traduire par une convergence structurelle. La première proposition étant graduelle, la seconde similaire à un choc. En outre l’évolution de la communauté européenne a conduit à privilégier les 2 facteurs pour assurer une évolution progressive et par étape (vision des économistes) tout en s’assurant que les objectifs seraient atteint à une date donnée (vision des monétaristes) sous-contrainte de crédibilité.
Définir vers quels objectifs doit tendre un pays en transition de l’Europe de l’Est reste difficile. D’ailleurs les pays européens les plus industrialisés ont rarement concilié leur rattrapage avec une convergence nominale ; l’extension de l’activité s’est accompagnée d’une hausse de l’inflation jusqu’aux années 90 tandis que les politiques de stabilisation pour converger vers les critères de Maastricht ont affaibli l’activité au profit d’un faible taux d’inflation. Les pays des PECO ont connu une évolution similaire à l’exception faite que la stabilisation est intervenue dans les 90 et l’extension autour des années 2000. Depuis 1993 ces pays ont connu de forts gains de productivité s’accompagnant d’une rapide hausse des salaires dans les secteurs de biens échangeables. Cette hausse des salaires se propage dans celles des secteurs de biens non échangeables, les services. Or les gains de productivité étant plus faible dans ce dernier secteur, un écart s’est constitué entre le salaire et la productivité de chaque actif, d’où l’écart inflationniste : il y a expansion économique mais une forte inflation. Pour respecter les critères de convergence nominale sur une période donnée et relancer la production ex-post, les pays ont adopté des politiques de stop and go. Une situation permettant d’ailleurs de rejeter l’hypothèse d’un modèle de développement invariant en Hongrie avec le gradualisme et en Pologne avec la thérapie de choc, ou mieux expliquer pourquoi la thérapie russe ne s’est pas accompagné d’un choc. Il y a donc un arbitrage de politique économique à établir dans le respect des critères politiques de Copenhague ou d’Amsterdam. En outre, si la Hongrie est souvent rattachée au gradualisme c’est davantage par sa volonté d’améliorer sa convergence réelle en première intention et non celle nominale, la Pologne ayant fait le choix inverse. L’effet Balassa-Samuelson a donc largement conditionné le processus de transition des pays de l’Europe de l’Est.
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