21 août 2009

Monopole bilatéral et relation à long terme (2/3): investissements idiosyncratiques

Dans le précédent billet nous avions proposés une distinction entre coûts de commutation et investissements spécifiques à long terme; insistant par ailleurs sur une relation qui peut s'avérer floue. Sans trop pousser les travaux de Williamson nous avions présentés deux sous-branches des investissements spécifiques: ceux spécifiques au site et ceux spécifiques au capital humain. Il s'avère nécessaire de rendre plus exhaustive notre analyse en distinguant deux nouvelles sous-branches.

La troisième est donc la spécificité physique liée aux caractéristiques physiques du bien. Il s'agit de la capacité d'un bien intermédiaire à être utilisé par différents facteurs de production comme le travail. Une machine du tissu productif pourra être utilisée par x personnes tandis qu'un logiciel de gestion des ressources humaines ne sera, a priori, utile qu'au directeur des RH. Enfin la quatrième spécificité est celle "dédiée" (complémentaire) qui vise à ajouter une unité productive à telle équipe ou à affecter cette dernière d'une nouvelle machine pour améliorer la productivité.

Si nous n'avions pas jugé utile de présenter ces 2 dernières sous-branches c'est tout simplement car elle n'était pas nécessaire à notre analyse, mais plus de partage de connaissance ne fait pas de mal. Pour revenir aux deux investissements spécifiques initialement proposés, l'investissement spécifique en capital humain peut se distinguer lui-même en sous-sous branches, au nombre de trois. Cette nouvelle classification nous permettra d'élucider le concept d'investissement idiosyncratique.

La première sous-sous branche liée à un investissement en capital humain est la compétence générique. On parle de ce concept quand les transferts de capital humain peuvent se réaliser d'une industrie à une autre (Becker 1964). D'autre part si celles-ci restent spécifiques à un secteur on parle de compétences spécifiques au secteur d'activité. Enfin si les investissements restent internes à l'entreprise alors on évoque le cas de compétences spécifiques à une firme. Les investissements idiosyncratiques concernent uniquement ce type d'investissement en capital humain.

Nous avions présentés une définition assez légère en considérant qu'il s'agissait grosso modo d'un gain futur espéré. De manière plus pragmatique, une équipe dirigeante entreprendra un projet nécessitant un investissement si les gains espérés futurs sont supérieurs à la perte d'utilité au projet. Le fond de la chose suggère qu'il persiste une situation d'asymétrie d'information entre différents agents ou du moins une incertitude permanente. Par exemple, un investissement en recherche et développement (R&D) induit des spécificités internes à la firme, des connaissances en capital humain dont ne disposeront pas les concurrents effectifs ou potentiels. C'est pourquoi une situation de monopole bilatéral peut résulter de telle situation. Une étude de Grand en 1991 montre par ailleurs que les entreprises n'investissant que peu en R&D et disposant d'une capacité d'endettement élevée font souvent l'objet d'une Offre Publique d'Achat (OPA). L'inverse pourrait donc s'avérer suffisant pour justifier un monopole sur un marché non contestable de part des compétences spécifiques internes à l'unique offre présente sur ce même marché.

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