Rappel des faits. Les investissements spécifiques incitent à l’établissement de relations privilégiées entre une offre et une demande. Dès lors un monopole bilatéral existe. Cette situation a deux impacts : premièrement elle modifie l’investissement ex-ante qui peut être non optimal, deuxièmement elle conduit les acteurs à s’approprier ex-post le maximum de rente possible. Il s’agira de voir l’impact du monopole bilatéral sur les niveaux des échanges.
Soit une offre et une demande. Le vendeur supporte un coût noté c pour produire une unité de bien. L’acheteur assigne au bien en question une valeur que nous noterons v. L’échange se réalisera au prix p. Aussi, si c>
Mais en considérant deux périodes d’échange. Imaginons qu’aucun contrat ne lie les deux agents au cours de la période 1. On obtient une situation éventuelle telle que v est supérieure à c mais qu’aucun échange ne se réalise. En seconde période, l’offre fixera un prix de sorte que l’échange se réalise et que chaque agent retire un surplus positif. En revanche si v est inférieure à c, l’un des deux parties obtiendra un surplus négatif: il n’y a pas d’intérêt à l’échange.
Ce constat nous permet dès lors d’avancer qu’en information parfaite et symétrique tout échange implique une allocation optimale de la ressource concernée. Il n’y a pas d’incertitude sur un volume d’échange ex-post. Etant donné un coût donné, un prix psychologique partagé ; il y a tout intérêt à fixer un prix p favorisant l’échange et rassurant les parties sur les implications de leurs accords. C’est le théorème de Coase (1960) de manière transposé. Il n’existe pas de coût de transaction susceptible de rendre inefficace l’échange ; parallèlement à notre sujet il n’existe aucune raison faussant les prévisions des deux parties. Les données sont connues de tous et partagées. L’échange reste toujours préférable.
En information asymétrique le problème se complique quelque peu. Le coût de production et le prix psychologique sont des informations privées et non partagées. Le monopole prend alors tout son sens puisque l’offre est tentée de profiter de son pouvoir de marchandage. Pour simplifier, supposons que le coût est rendu public mais pas le prix psychologique maximum que le consommateur (la demande) est prêt à consentir pour l’obtention du produit dont il est question. Un peu de probabilité.
Soit une distribution de probabilité de fonction cumulative F(v) avec F(u)=0 et F(w)=1 telle que v appartient à l’intervalle (u,w) tel que v supérieur à u et v inférieure à w (la fonction de densité est ici positive). L'offre fixe son prix de part son pouvoir de march. Si le prix est inférieur ou égal à v l'échange peut se réaliser, autrement non. On obtient alors une probabilité d'échange de 1-F(p) et une espérance de profit pour l'offre de: (1-F(p)) * (p-c). En dérivant l'espérance de profit on obtient: 1-F(p) - f(p) (p-c) avec f(p) la dérivée de F(p).
Aussi pour une hausse du prix p+dp la probabilité d’obtenir un profit supplémentaire est d’abord celle d’impliquer un échange plus important. Il y a donc une probabilité de 1-F(p). Si l’échange ne se réalise pas c’est le surplus net de l’offreur qui est perdu (soit p-c pour une probabilité de f(p)dp).
On en déduit que f(p)(p-c)=1-F(p) c’est-à-dire qu’une variation du prix notée p+dp a une probabilité d’impliquer un échange de 1-F(p) mais aussi d’impliquer un abandon de l’échange et donc une perte du profit net p-c pour une probabilité de f(p)dp. A l’optimum les deux effets s’annulent.
En fait il est nécessaire que le prix soit égal au coût pour que l’acheteur prenne la décision la plus sûre pour l’échange et ses implications ex-post. Or on a supposé que le prix devait être strictement supérieur au coût. Il y a donc inefficacité de l’échange puisque un prix égal au coût ne rapporte pas de surprofit à l’offre. Si on augmente le prix à un niveau supérieur au coût il y a une certaine probabilité d’obtenir un profit mais aussi de perdre à l’échange. Or étant donné qu’initialement le profit est nul alors la perte n’est pas coûteuse.
Cet exemple et ce billet veulent montrer que le marchandage n’est pas efficace. Les travaux de Myerson et Satterthwaite (Efficient Mechanisms for Bilateral Trading, 1983, Journal of Economic Theory) le montrent très bien à un niveau d’abstraction plus élevé sous condition de liberté à l’échange. Une tarification de monopole serait donc inefficace en information incomplète ou asymétrique.
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