Joe Bain publie en 1959 « Industrial Organization », une œuvre majeure puisque à l’origine de nombreux et nouveaux programmes de recherche. On distingue alors ce domaine théorique comme l’étude de la structure d’un marché qui détermine le comportement des entreprises qui lui-même influe sur leurs performances : c’est ce qu’on appelle de manière plus habituelle le paradigme structure – comportement – performance.
Contestant des corrélations sans causalités, la tradition de Chicago (Director, Stigler) tente de renouveler les principes méthodologiques de ces analyses. L’un des principaux outils qui tiendra un rôle majeur est l’économétrie qui permettra de « véhiculer des messages importants par des théories non formalisées, les rapports et observations sur les comportements » pour ensuite « exhiber des modèles formels pour prouver qu’un certain type de construction formalisée peut expliquer ou incorporer une part de ce qui est réellement observée » (Joskow 1975).
On peut alors observer un renouvellement de ce domaine dans les années 80 (voire la synthèse de Richard Arena à ce sujet) avec la micro-économie industrielle théorique tenant compte de l’économie de l’information. On l’appelle plus couramment la « théorie de l’organisation industrielle » en référence à l’ouvrage écrit par Jean Tirole en 1988. Ce champ théorique se renforce par la théorie des jeux, les jeux évolutionnaires et des études dynamiques et non plus statiques. On peut mettre en évidence deux autres branches qui complètent ces analyses. D’une part les courants évolutionnistes par les travaux de Dosi, Freeman, Silverberg ou Soete (1988) et ceux néo-institutionnalistes (Coase, North et Williamson dans les années 80 et 90) qui ont notamment permis une meilleure définition des frontières respectives de la firme et du marché. Plus récemment certains travaux ont plus insisté sur le rôle des conventions dépassant le seul souci d’asymétrie informationnelle, d’incomplétude ou d’imperfection des marchés. Enfin l’auto-organisation tend aujourd’hui à devenir un champ à part sous l’influence de l’ouvrage de Krugman publié en 1996 (L’économie auto-organisatrice).
Jean Tirole propose une définition de l’organisation industrielle sous plusieurs dimensions. Dans la 1ère dimension il considère ce concept comme l’étude de la structure et des comportements des entreprises. Dans une 2nd dimension il considère que l’OI doit être un outil pour vérifier l’efficacité des marchés. Enfin la 3ème dimension doit insister sur le problème de l’information comme contrainte à ces inefficacités.
Outre le champ théorique, il s’agit aussi d’une science pragmatique via deux outils. Le premier est l’analyse économétrie notamment les travaux de Bresnahan 1987, Joskow 1985 et Porter 1983 et le second outil renvoie aux expériences contrôlées en laboratoire (particulièrement Plott 1982). Il s’agit donc d’un domaine extrêmement vaste et complété par d’autres domaines de la science économique. Un programme de recherche à part entière. Mais peut-on rapprocher aussi simplement les courants institutionnalistes, à celui de l'organisation industrielle? Il semblerait préférable de considérer que l'OI a surtout profité comme d'autres champs théoriques (économie expérimentale, économie de l'éducation, économie internationale, etc.) des nouveaux outils pour mener à bien ses travaux autant normatifs que positifs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire