7 août 2009

Qu'est-ce qu'un marché?

Cette question est au fondement de la science économique. Pourtant elle est très souvent mal définie dans les journaux et parfois même dans de nombreux cours du supérieur. Un marché n’est pas la rencontre d’une offre et d’une demande relatifs à plusieurs biens homogènes. L’hypothèse d’homogénéité en concurrence pure et parfaite est en fait très vouée à l’interprétation. On parle d’homogénéité des produits en CPP lorsqu’un agent est indifférent entre consommer le bien A ou le bien B. On pourra retenir cette définition en excluant une éventuelle substituabilité parfaite des produits car elle impliquerait qu’à chaque marché est associé une seule entreprise, ce qui le plus souvent (mais pas toujours) contraire au principe d’un marché concurrentiel.

On peut retenir une explication plus précise de ce concept. Un marché devient alors un lieu d’échange permettant une analyse des interactions entre entreprises dans un cadre d’équilibre partiel. La substituabilité des produits se limiterait au fait que les agents sont indifférents entre deux biens, proches et proposés au même prix.

Le problème réside réellement dans cette substituabilité. Paul Joskow et Richard Schmalensee y attache d’ailleurs beaucoup d’importance. En 1933 Robinson propose une explication de la « frontière d’un marché » en considérant un bien homogène de base. A partir de ce dernier, on doit pouvoir définir son substitut noté B, et le substitut C de B, ainsi de suite (…) jusqu’à trouver une rupture de ces substituts définissant alors les limites du marché. On peut critiquer cette vision par trois arguments.
Une première critique est que tout bien est potentiellement un substitut d’un autre, de façon infinitésimale. Pour retenir un exemple très voire trop basique (vous êtes d’ailleurs invité à compléter ce billet qui est trop incomplet puisque ne proposant que certaines pistes) : un agent au budget de 5 euros, qui doit manger, n’arrêtera pas de se nourrir si la baguette coûte 8 euros ; il trouvera un substitut pour subvenir à son besoin vital (l’exemple n’est pas forcement parlant je l’admets mais reste adapté à cette critique) qui peut ne pas être similaire au pain.
Un second argument est que la transitivité entre les biens n’est pas forcement vérifiée. En outre, trois biens substituables ne sont pas forcement similaires de sorte que le bien A peut être en forte concurrence avec le bien B tandis que le bien C le sera dans une moindre mesure avec les biens A et B. Par exemple, John Travolta aurait très bien acheter un Airbus plutôt qu’un Boeing 707, mais il aurait aussi pu se contenter d’un Gulfstream 5. Bon…Pour dire vrai il a un Boeing 707 et un Gulfstram 2..Mais pas le cinq.
Une dernière remarque est qu’un marché consacre x produits eux-mêmes output de x entreprises. En évaluant un marché par ses limites effectives, on exclut d’office ses limites potentielles soit les concurrents potentiels.

Une autre solution, et qui conclura ce billet, est d’évaluer l’élasticité de la demande. Plus celle-ci est faible, plus le profit d’une entreprise est élevé. En fixant un certain niveau de profit au delà duquel il n’y a pas substituabilité avec un bien concurrent, on peut déterminer de nouvelles limites à un marché donné.

En espérant que cet article servira de relais à de nouvelles propositions, par le biais des commentaires :-)

2 commentaires:

  1. Billet très instructif que j'espère voir compléter par un autre ;-). Merci.

    Pour moi le marché c'était la rencontre de l'offre et de la demande et c'est vrai que c'est assez simplificateur comme définition.

    Je vois bien le problème que la délimitation de la taille d'un marché pose pour la réalisation d'études empiriques mais d'un point de vue théorique quels problèmes celà pose-t-il?

    RépondreSupprimer
  2. Quelque part, je me demande si la limite d'un marché a réellement besoin d'être définie sur le plan théorique (bien que ce soit une question intéressante sur le plan axiomatique, voire philosophique).

    Ce qui est important, c'est de définir correctement la frontière lorsque l'on étudie empiriquement un marché particulier. A ce stade, le choix des biens à inclure ou à exclure ne dépend de ce que veut étudier le chercheur.

    Je suis assez d'accord sur l'argument sur la substituabilité. Si on prend un bien quelconque, on trouvera toujours un prix suffisamment élevé tel que la consommation se reportera sur un autre bien. Si on recommence l'exercice avec ce nouveau bien, on verra apparaître un troisième bien substituable. etc etc.

    Ca me rappelle l'époque où les journaux disaient que le marché de l'automobile concernait 10% des actifs en France, en incluant les gens qui bossent dans les stations-services, dans les garages, qui entretiennent les routes, etc etc...

    RépondreSupprimer