16 nov. 2009

La conférence de Copenhague: enjeux économiques (1/2)

Nous revenons sur la prochaine Conférence et Rencontre des Parties (COP-MOP) qui aura lieu à Copenhague (Danemark) du 7 au 18 décembre. Ce billet est intialement une chronique dans la seconde édition du journal étudiant "Ceteris Paribus" de la Faculté d'Economie de Montpellier.

S'inscrivant dans la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC) de 1992, la conférence de Copenhague vise à définir les objectifs de la seconde période d'engagements qui succèderont en 2012 à ceux établis lors du protocole de Kyoto de 1997.

Les enjeux sont considérables: réduire les émissions de gaz à effet de serre, aider les pays en voie de développement à s'adapter à de nouveaux défis, lutter contre la déforestation, harmoniser les politiques économiques ou encore instaurer des mesures équitables pour chaque participant. Autant de cibles pour un seul grand objectif: maintenir l'augmentation de la température mondiale en 2100 en dessous de +2°C par rapport à 1850. Au cours du 20ème siècle la planète s'est réchauffée de +0,74%; des mesures doivent être prises. Oui mais le problème est bien plus complexe, de nombreux agents sont concernés par ces négociations, tous n’ayant pas les mêmes exigences, ni les mêmes horizons.

→ Une nécessité écologique, de nouvelles opportunités économiques

Le problème climatique est un bien public global c’est-à-dire que les bénéfices restent partagés par l’ensemble des individus et ceux sans exclusion d’usage. En revanche les coûts sont privés et donc supportés par une minorité d’acteurs, dès lors l’intervention publique devient nécessaire pour subvenir aux défaillances effectives et potentielles.

L’étude de Stefan Ambec et Francesco Ricci sur l’atténuation du réchauffement climatique par les politiques publiques est une très bonne synthèse des exigences liées à l’industrie. Principaux avantages : ces réformes sont sources de nouvelles opportunités de profit : de nouveaux savoir-faire vont émerger renouvelant l’offre technologique et procurant de nouveaux avantages comparatifs rendant les exportations plus compétitives. De nouveaux modes d’organisation de la production vont être nécessaires, source de nouveaux gains de productivité. Enfin de nouveaux marchés vont s’ouvrir aux nouveaux entrepreneurs par le développement des éco-industries (énergies renouvelables) ou l’apparition de nouvelles marques de distinction assurant une différenciation de produits concurrents (« empreint carbone »). Cependant, les inconvénients persistent. Les coûts vont s’accroître soit directement (valorisation des émissions de gaz à effet de serre - GES) soit indirectement par l’augmentation des prix des inputs (énergie et transport). Un impact plus indirect serait donc des délocalisations pour les activités les plus émettrices de GES, à faible coût fixe et faible coût de transport. Des caractéristiques assez éloignées des activités les plus avares en CO2 mais qui n’en restent pas moins négligeables.

L’analyse coût/bénéfice nous amène à une hypothèse fortement débattue : celle de Porter. L’hypothèse de Porter annonce que le coût supporté à court terme peut s’avérer rentable à long terme. Empiriquement, il existe un lien positif entre la réglementation environnementale et l’innovation mais aussi un lien négatif avec les performances économiques des entreprises. Deux relations qui portent à la discussion et qui remettent en cause les bénéfices de nouvelles réformes.

→ Inciter au respect des engagements par des mécanismes économiques

Les institutions peuvent inciter un changement des comportements par de multiples instruments : la taxe carbone, les permis d’émissions échangeables, de nouvelles normes d’émissions et un renouvellement des standards technologiques. L’objectif restant de donner une valeur économique aux émissions des Gaz à Effet de Serre (GES). Dans le dernier rapport publié par le Conseil d’Analyse Economique (CAE), Jean Tirole définit les conditions de l’efficacité de ces mesures : il ne doit pas y avoir de compensations forfaitaires, soit aucune politique de redistribution ne doit persister. Concernant le prix du carbone, son unicité semble indispensable et son respect doit être encadré par des contraintes juridiques (absentes du protocole de Kyoto) voire économiques (prix-plancher) ainsi que par des mesures incitatives (allocations initiales de quotas pour les acteurs les plus réticents). Le respect des engagements est nécessaire pour trois conditions. D’abord les engagements gagnent en crédibilité lorsque les politiques négociées deviennent effectives. Ensuite, ce respect contribue à une généralisation d’une politique commune (accord international global). Enfin le maintien des engagements doit faciliter l’installation de nouvelle gouvernance dans les différents systèmes concernés. En outre l’impact de Copenhague sera autant politique, économique que social.
A.J.

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