18 janv. 2010

Le processus de Lisbonne doit être abandonné

Rendre l'Union Européenne plus compétitive, exemplaire en matière d'éducation et capable d'allier développement durable et cohésion sociale. Ces souhaits utopiques sont pourtant la base de la déclaration de Lisbonne datée de 2000. Charles Wyplosz revient sur ce fabuleux échec. Un mois après Copenhague il est bon de rappeler que l'idée d'une croissance économique soutenable est publiquement un objectif de l'UE depuis plus de dix ans.

L'article est une réponse à Fredrik Reinfeld, premier ministre suédois en charge de la présidence à l'UE depuis le 1er janvier 2010. Les raisons principales: une incapacité des bureaucrates à faire face aux défaillances administratives. La plupart des pays européens sont accusés d'éviter les prises de risque, de développer des secteurs publics inefficients, de proposer des politiques sociales mal ciblées et de recourir aux mesures protectionnistes. Donc un changement structurel en UE sur ces points est essentiel pour Wyplosz et Tabellini.

Aucun pays n'étant exempt de tout reproche, l'incitation des membres de l'UE à proposer des réformes structurelles communes à l'ensemble des autres pays repose sur deux arguments. Le premier est l'existence d'externalité: un pays dynamique facilitera ses échanges de B&S intérieurs comme extérieurs, et inversement si la position du pays est contraignante pour les autres membres. Le second argument est que des réformes structurelles et coordonnées facilitent l'acceptation politique de mesures lourdes et difficiles à supporter pour chaque citoyen. Un politique aura tout intérêt à choisir la voix supranationale que nationale si il compte profiter des prochaines élections pour prolonger son activité publique.
Outre ces incitations, il y a surtout la quête d'une efficacité des politiques. Les différents gouvernements sont supposés être mal informés (lobbies) ou pas assez informés pour mener des réformes efficaces. Donc les mesures structurelles doivent être menées à l'échelle européenne.

Le problème actuel est que les bureaucrates, comme on le répète souvent, ne reconnaissent jamais leurs erreurs et refusent l'auto-critique. La conséquence de ce type de comportement est que le processus de Lisbonne, et malgré son impact médiatique (ce qui n'influe en rien sur sa crédibilité), est assurément un profond échec. Il est nécessaire d'abandonner cette solution qui n'en est plus une, de passer à autre chose; et de réfléchir à des objectifs de moyen-terme. Améliorer l'éducation et la compétitivité de l'économie sont deux objectifs dont la primauté est indiscutable. Pour utiliser deux concepts bien utiles, les variables-objectifs peuvent être atteintes, si l'on fixe des variables-cibles avant tout. Ce sont justement ces variables-cibles, ces objectifs moins frappants mais ô combien essentiels, qui détermineront l'attractivité économique de la zone UE avant d'améliorer durablement notre compétitivité économique et notre éducation.

2 commentaires:

  1. Comment imagineriez-vous améliorer l'éducation sans libéraliser l'offre d'éducation ?

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  2. L'article ne mentionne pas cette contrainte..je ne comprends pas bien votre réaction, pouvez-vous approfondir svp?
    merci :-)

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