Guillaume Cheikbossian revient sur un papier de V.Chari, L.Jones et R.Marimon (The Economics of Split-Ticket Voting in Representative Democracies, American Economic Review, 1997).
L'objet de leur travail est d'expliquer pourquoi les électeurs américains votent différemment lors de l'élection présidentielle et lors de l'élection du congrès américain. Cheikbossian revient sur cette étude en l'appliquant au système français. En l'occurrence sur les élections régionales et nationales (présidentielles). La question est dès lors: pourquoi les électeurs choisissent un président de droite pour élire 3 ans plus tard des représentants locaux de gauche?
Les citoyens cherchent à élire un représentant local associé à un projet d'investissement public élevé. Ces investissements sont certes financés par la localité mais aussi par l'Etat qui apporte des ressources supplémentaires (à hauteur de 25% dans le cas des budgets régionaux). En somme les citoyens d'une localité profitent pleinement de ces dépenses d'investissement sans contribuer pleinement aux ressources nécessaires (puisque d'autres localités participent à la contribution fiscale). Dans le cas actuel en France, voter à gauche implique un effort fiscal partagé entre plusieurs localités. Un effort qui permettra de financer des investissements sur une minorité de localité en particulier sur celle des citoyens concernés qui auront élu un candidat porteur de lourds projets d'investissements.
A l'échelle nationale, le problème est tout autre. Voter à droite est associé à une fiscalité "plus conservatrice" (pour reprendre l concept de G.Cheikbossian), soit à de plus faibles dépenses qui limiteront l'exploitation des ressources par d'autres localité.
En outre il s'agit pour les électeurs de maximiser leur utilité en élisant un candidat fiscalement de gauche qui cherchera à augmenter la contribution de chaque localité, et à élire à l'échelle national un candidatarbitre entre un investissement qui concernera une localité et les besoins en financement qui nécessiteront la participation des citoyens de plusieurs localités. Il existe alors un risque de participer fiscalement aux ressources d'une collectivité sans percevoir les retombées en terme d'investissements publics notamment.
Dès lors il s'agit de confier à l'échelle nationale une politique de restriction des ressources prélevées et à l'échelle locale une politique de dépenses publiques. Un arbitrage qui facilite la ré-élection des élus nationaux, donc de la droite en France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire